
Du 10 au 18 septembre se tenait l’événement de l’année pour les amoureux des galeries-antiquaires, la Biennale des Antiquaires de Paris au Grand Palais. Un seul espace où la crème des galeries du monde entier expose leurs plus belles pièces datant de plusieurs millénaires avant notre ère au siècle dernier. Les domaines diffèrent et l’on peut passer du mobilier XVIIIème à un masque Olmèque en moins de dix secondes. Cela ressemble à un espace féerique où acheteurs et curieux visiteurs se côtoient dans un calme olympien, mais, cette année est légèrement différente pour un étudiant en Histoire de l’Art qui recherche de quoi faire briller ses yeux. Ces derniers commencent à étinceler lorsque la date de la Biennale approche. Placée entre les rattrapages et la rentrée, c’est une transition parfaite pour se consoler des examens en rêvant d’un stage sous le ciel auspicieux que laisse entrevoir la verrière du Grand Palais. Cependant, ils se ternissent dès l’entrée car cette année, finie la gratuité, il faut dégainer le billet de 20 euros.
L’entrée se fait majestueuse, comme à chaque fois. Nathalie Crinière, la scénographe de cette édition, a su placer les 125 exposants comme il le faut. Au centre, pile sous le point culminant de la verrière, un espace vide dont les parois reflètent l’architecture et la lumière. Des sièges sur les côtés offrent un moment de paix dans le tourbillon des visiteurs.
Les pavillons, uniformes à l’extérieur, se démarquent par leur aménagement interne. Chaque galerie choisit comment s’ordonne l’espace, certaines sont minimalistes d’autres sont presque à sombrer dans le kitsch, mais chacune est unique.
Cette année, moins de joaillerie, pas de grand nom comme Chanel ou Cartier. Cependant, la Fondation de la Haute Horlogerie basée à Genève fait découvrir l’histoire de l’horlogerie dans une mini exposition avec des moyens de médiation d’une nouvelle génération comme les casques de réalité virtuelle. La Biennale n’est donc pas qu’un lieu d’achat mais un espace de découverte d’un patrimoine.
Un peu de modernité ? La biennale change du tout au tout après les nombreux scandales qui l’ont éclaboussée ces dernières années. La concurrence d’autres événements de ce type en Europe comme la BRAFA (Brussels Art Fair) en Belgique mais aussi des galeries faussaires… Moins de joaillerie et de grands groupes pour plus de galeries d’art et d’archéologie mais surtout, revenir tous les ans au Grand Palais et non tous les deux ans. La biennale perdrait son nom ? Possible mais il s’agit surtout de démocratiser la galerie d’art qui connait une crise majeure de son histoire. Moins d’acheteurs, les particuliers hésitent de plus en plus et les curieux ne rentrent plus, ne faisant que passer devant les vitrines. Avec un événement de ce type, les amateurs découvrent plus facilement les galeries car elles leur sont plus accessibles (même si l’entrée est payante), moins de timidité face à ses pavillons temporaires, il y a aussi le fait de participer à un moment clef de l’année. « La Biennale cette année ? J’y étais et c’était fan-tas-ti-que », de quoi agrémenter les discussions lors de dîners car, au final, dire « J’ai fait le tour des galeries du Carré Saint Germain aujourd’hui » est beaucoup moins impressionnant.
Ne pas être allé à la Biennale 2016, est-ce une faute majeure ? Non. Des galeries offrent de magnifiques pièces (la galerie Delalande et ses curiosités sorties des navires d’antan) mais d’autres laissent plutôt un souvenir perplexe (The Beautiful Watch et leurs quelques Rolex). Lorsque l’on sort de cet endroit, l’esprit est mitigé entre le luxe bouillonnant et la simplicité de certaines pièces. Un voyage multiculturel dans le marché de l’art, un moment calme passé sous la nef du Grand Palais mais surtout un plaisir pour le regard.