

J’entrais pour la première fois au Palais de Tokyo, appâtée par un article d’Artips. Mon amie et moi avions décidé de tenter l’expérience proposée par Tino Seghal. Je n’avais jusque là pas été en contact avec de l’art contemporain mais j’ai grandement apprécié cette visite.
Tout d’abord, on traverse un rideau de perles derrière lequel nous accueille une jeune fille nous proposant une étrange réflexion sur « Qu’est-ce qu’une énigme ? ».
La suite fut un programme étrange et apaisant dont je décrirai mon expérience personnelle.
Premier arrêt :
Une salle, nue de tout décor, cinq personnes face au mur, dos à nous, engagent une conversation. Régulièrement, l’un d’eux crie et la conversation change. Pour ma part, j’ai assisté seulement à des conversations liées à la prise de parole. Une phrase prononcée au début d’un échange m’a interpellé : « We want to comment ». Faisant le lien avec le commentaire internet, je me retrouve à observer ces étrangers sans visages discourir à l’aveugle, comme nous le faisons sur internet. Ce n’est ici que mon interprétation.
Le visiteur est libre de circuler dans la pièce, autour des acteurs.
Deuxième arrêt :
Plusieurs groupes de personnes, courent, marchent, reculent, discutent. Dans un immense espace. Nulle logique visible. Certains sont assis sur les marches avec vous, d’autres en mouvement constant. C’est avec eux que s’est développé en moi cet étrange sentiment de ne pas savoir qui est visiteur et qui est acteur. Me voilà voyeur de ces gens qui discutent, curieuse de savoir ce qu’ils disent, pourquoi ils agissent ainsi, sans jamais faire le premier pas.
Troisième arrêt :
Une salle où est diffusé un film par flash d’images avec une voix off en anglais. Étrange ambiance que je ne saurais analyser.
Quatrième arrêt :
Une salle bien cachée et pour cause, elle est plongée dans la pénombre complète. On y voit rien mais un choeur chante. Le son est seul dans cet espace et vous évoluez à tâtons, craignant pour ma part de chuter. J’en suis pourtant sortie émerveillée.
Dernier mouvement:
Faites la queue dans une salle de miroirs, un enfant arrive et vous mène vers la première salle en vous proposant une question. Pour nous ce fut « qu’est-ce que le progrès ? ». Hésitantes, nous proposons quelques réponses sans savoir ce qu’on attend de nous. À mi-chemin, une jeune femme de notre âge prend la place de l’enfant. Elle discute avec nous, des études, de l’art, librement comme nous le ferions entre amies.
Vient une femme d’âge adulte qui nous propose de réfléchir sur l’impact de nos lectures aux différents moments de notre vie. Elle est enceinte, soutient son dos et nous ralentissons le pas.
Une femme âgée, cheveux blancs prend sa place, elle nous parle de son fils, chimiste, nous guide d’un pas rapide vers l’escalier jusqu’à la sortie. Nous n’avons pas prononcé un mot avec cette femme là.
Notre avis : Personnellement je conseille vivement cette expérience. Je suis sortie apaisée, enchantée de ce moment passé auprès d’étrangers. De voyeur à interlocutrice. Quelle sera votre expérience de ce lieu ?
Plus d’informations :
Exposition Carte Blanche à Tino Sehgal, Palais de Tokyo, ouverte du 12/10/2016 au 18/12/2016. À découvrir de midi à 20 h, tous les jours sauf le mardi.
Site de l’exposition : http://www.palaisdetokyo.com/fr/evenement/tino-sehgal