
Lorsque l’hiver se fait des plus froids dans le Nord, il reste pour se réchauffer la culture. Direction Condette dans le Pas-de-Calais où se dresse majestueusement le château d’Hardelot qui propose jusqu’au 31 décembre une exposition sur la mode anglaise à l’époque victorienne.
Un choix pertinent
Les pièces présentées proviennent d’un seul et même endroit : La Dame d’Atours. Historienne, collectionneuse et couturière, cette femme aux multiples talents est aussi la commissaire scientifique de l’exposition. Cette trentaine de pièces d’époque proviennent de sa collection personnelle. Sous-vêtements, accessoires et autres se font écho dans ce petit espace.
Les pièces sont toutes en très bon état et la médiation mise à disposition aide à comprendre ce monde. Un petit livret bilingue donnant le cartel de nombreuses pièces ainsi que des plus amples explications sur le contexte est donné gratuitement à l’entrée de l’exposition. La présentation des tenues se fait de manière simple et efficace. Elles sont facilement observables et leur diversité permet un panorama de l’époque. La graphie des textes au mur est plaisante à lire et les ombres expliquant brièvement l’évolution de la silhouette au XIXe siècle est la bienvenue pour ceux qui ne connaissent pas très bien cette période. La scénographie est un sans-faute sur tous les points.
Les pièces présentées sont essentiellement issues de la garde-robe féminine mais on retrouve aussi des vêtements masculins et d’enfants.
Des thématiques pour mieux comprendre
Avec une délimitation temporelle précise, l’époque victorienne entre 1837 et 1901, un choix thématique et non chronologique a été choisi pour présenter la mode. Certes, ce laps de temps est très long mais cette exposition souhaite donner une vision d’une famille bourgeoise et non une évolution stricto sensu du terme. La volonté est de donner au visiteur un aperçu des modes vestimentaires des personnes qui ont pu habiter le château précédemment visité.
Les première pièces présentées sont la lingerie. Nous découvrons ce qui va donner les silhouettes tant connues. Corsets, tournures… Cette approche dévoile les dessous des grandes robes, pour ne pas oublier que si elles étaient portées et qu’un tour de taille pouvait faire 45cm, c’était bien par leur action.
Sur le même palier se situe les robes de jour. Au décor floral ou d’une simplicité jouant sur les broderies ton sur ton, elles ouvrent le regard sur les différentes formes et tissus qui ont rythmé la période. Faire une exposition courte sur un si grand nombre d’années est difficile car c’est au XIXème siècle que l’on sent une accélération des tendances et un renouvellement plus fréquent dû au commerce, aux colonies et aux innovations techniques.
Après avoir descendu un escalier, le visiteur se retrouve dans une vaste pièce qui est le reste de l’exposition. D’un côté il trouve les éléments de voyage, le sport, l’enfant. Des thématiques qui sont parfois délaissées au profit des tenues de bal qui par leur somptuosité captivent plus l’oeil du visiteur. Ici, elles ont une place importante. Des accessoires sont présents, allant du chapeau de l’expédition dans les colonies à la raquette de badminton en passant par le canotier. Quelques exemples masculines complexent cet éventail. Hardelot étant une station balnéaire aussi connu pour ses centres hippiques, une tenue d’amazone est présentée ainsi que des tenues de bain. Le visiteur peut alors très bien s’imaginer le vêtement en contexte, cela est de plus aidé par un vidéo-projecteur qui illumine le mur de photographies et cartes postales anciennes. Le mode de vie est mis en avant, allant des réceptions au loisir.
La dernière partie est réservé aux tenues de bal. Dans une explosion de couleurs et de formes, on arrive à distinguer les minutieux détails. Broderies, dentelles et autres ornements prennent place sur les tissus sophistiqués. On retrouve aussi une robe pour petite fille, remettant à l’honneur le vestiaire enfantin. Des tenues d’homme sont aussi présentes. Mais, ce qui est à retenir, est la vitrine des accessoires. Celle-ci renferme des trésors comme un sac de soirée et un carnet de bals.
Un commun qui ne l’est pas
Il est assez rare de trouver certains types de pièces dans les expositions de mode car la plupart du temps ne sont gardés que les joyaux des garde-robes. Même si la lingerie et autres accessoires sont de plus en plus présents dans les expositions, des domaines comme celui de l’enfant ou du sport a du mal à percer. Ici, le sport et les loisirs ont une place entière. Les tenues exposées reprennent plusieurs grands poncifs d’Hardelot : le tennis par l’ensemble de 1900, l’équitation par la tenue d’amazone de 1900 aussi et le côté balnéaire avec un costume datant des années 1870.
Des sous-vêtements d’enfants et de bébés sont aussi exposés notamment un corset. On oublie facilement qu’à cette époque le corset était porté dès quelques mois.
Ce panel permet au visiteur d’appréhender un milieu complexe et régie de diverses manières. Les explications sont claires et les exemples soigneusement choisis. Tout entre en concordance créant ainsi l’impression de passer une journée et pratiquer les activités d’une autre époque.
Une exposition très réussie en effet qui vaut le détour, d’ailleurs le programme du château d’Hardelot à l’approche des fêtes est plutôt sympa. A voir!
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