
Les Rencontres des Gobelins proposent cette saison trois cycles de conférences dont un sur le textile et le papier peint dans la décoration d’intérieur. Le second volet de cette trilogie se tenait ce mardi 6 décembre et avait comme invités Véronique de la Hougue, conservatrice en chef du département papiers-peints du musée des ArtsDéco de Paris et Jérémie Cerman, professeur à l’Université Paris-Sorbonne.
Jules Desfossé et ses successeurs, du papier-peint au textile.
Plusieurs biographies se confondent pour Jules Desfossé (1816-1891) et on retiendra de cette conférence ces dates : il est employé en 1841 dans la Maison Mader. Il devient associé en 1848 avant de succéder en 1851. A partir de cette date, de nouveaux articles sont proposés chaque année : 157 en 1852 et cela augmente petit à petit avant d’arriver à 249 en 1856. « Belles tentures qui font mettre à profit la maison » en dit Fauconnier à qui on doit une biographie de Jules Desfossé.
En 1854, il fait déménager la Maison au 223 Faubourg Saint Antoine et en ouvre une à Londres et une autre à New York.
En 1851 il participe à l’Exposition Universelle de Londres où il expose sous le nom de Mader. Il présente alors Les Muses. Pour celle de 1962, il présente le décor d’Eden. Cinq ans plus tard a lieu l’Exposition Universelle de Paris où il présente cette fois-ci un décor style néo-grec et un décor chinois.
Il a aussi d’autres activités comme être conseiller municipal de Paris à partir de 1863.
Il s’associe avec Hippolyte Karth en 1964 et la manufacture change de nom pour Desfossé & Karth. Desfossé visite beaucoup de provinces et pays notamment la Belgique et l’Ecosse. Il a des représentants pour son entreprise en Angleterre et aux Etats-Unis.
Jules Desfossé a trois filles et un fils. Eugénie épouse Jules Karth, fils d’Hippolyte, et qui va reprendre l’affaire avec le fils Eugène Desfossé.
En 1899 est commencée la fabrication des articles à la machine ainsi que celle des toiles appliquées par le rachat d’un atelier qui en fabriquait. En 1913 sont faites des impressions sur soie véritable.

On peut diviser la production par genres dont voici quelques exemples et leur date d’apparition : Le capiton en 1855 dont il ne reste rien du premier confectionné car il a été supprimé lors du déménagement de la manufacture à Issy-Les-Moulineaux. En 1857 apparait la mousseline, en même temps que l’Alhambra. En 1863 c’est le frappé doré qui va surtout être exporté, en 1866 le cuir, en 1869 la faïence en plat qui va plutôt être utilisée pour les murs des toilettes, cuisines ou couloirs puis en 1873 la faïence en relief dont les motifs seront ceux utilisés par les industries de faïence, Desfossé allant demander ces dits motifs. En 1874 le velours vénitien qui n’aura pas une grande production car des procès seront intentés. En 1874 la tapisserie est créée avec comme grande influence le Japon mais il est aussi possible de retrouver des scènes flamandes ou des tirs au pigeon. Entre 1876 et 1878 sont produites beaucoup de tapisseries sur toile de treillis de jute pour éviter que les couleurs superposées ne se cassent. En 1883 est édité le premier grand cuir 0,60 qui est parfois sur du vrai cuir ou sur de la toile de jute notamment pour les couloirs.
L’entreprise de Robert Ruepp : un atelier de dessin industriel pour le textile et le papier-peint autour de 1900.
Le style de l’Art Nouveau est adopté et on a une démocratisation esthétique moderne. Les dessinateurs industriels sont des acteurs importants souvent anonymes. On retrouve parfois leurs noms sur des archives comptables ou sur des dessins originaux par leur tampon ou étiquette.
L’atelier de dessin Robert Ruepp est un des plus actifs. D’origine suisse, Robert Ruepp a comme premier amour la peinture. On lui connait peu de tableaux mais on a en 1930 quelques exemples car il est exposé au Salon des Peintres de Montagne. Mais sa principale occupation est le dessin industriel et il s’établit rue Bergère en 1880. Il fait des créations pour des étoffes et l’ameublement. Sa diffusion est large car il est sollicité par les

fabricants. En 1882 il débute ses voyages en Angleterre où il y trouve son inspiration. Pour lui, c’est un pays du renouveau notamment par le mouvement Art & Craft. Les premiers motifs Art Nouveau sont marqués dès 1896. L’atelier gagne de nombreux prix et médailles d’or dans des expositions à Dresde, Rouen, Paris… En 1900 a lieu l’Exposition Universelle de Paris où il expose un salon entier qui obtient une médaille d’or. Il y propose ses créations mais il y a aussi des sculptures et mobilier. Une des chaises a d’ailleurs un motif des étoffes de l’atelier. C’est l’occasion d’avoir une grosse vitrine et des articles dans la presse artistique. Pour cette exposition, Ruepp a fait un album avec des photographies et lithographies de ses modèles. C’est un cadeau pour sa clientèle qui est composé de fabricants qui lui achètent ses créations. La couverture du recueil est un textile tissé au motif des ateliers, on remarque tout de suite le style des ornements qui est moderne.
Au Victoria & Albert Museum de Londres sont conservées des gouaches de Gallien & cie de Lyon datant de 1761-1771. Mais, y est appliqué un tampon de Ruepp, elles faisaient donc partie de la documentation des ateliers. On retrouve donc leurs diverses inspirations.
Ruepp a réalisé des tapisseries à la machine, des soieries (ses motifs sont présents dans les Soieries Bonnet de Jujurieux), des tapis (on retrouve son nom dans des manufactures écossaises)…