
L’exposition « Balzac, architecte d’intérieurs » est organisée au château de Saché – musée de Balzac, propriété du Conseil Général d’Indre-et-Loire, en collaboration avec le Mobilier National. Les meubles décrits dans les longues descriptions de l’écrivain sont mis en relation avec les meubles encore existants, témoins du mobilier de l’époque de Balzac et de ce qu’il faisait ressortir des différents personnages de la Comédie humaine. L’exposition est à voir jusqu’au 8 janvier 2017.
La première salle est consacrée aux lieux de pouvoir chez Balzac. Dans la Comédie humaine, lieux de pouvoir politique tout comme lieux de pouvoir domestique sont recréés en s’inspirant du contexte politique et artistique de la première moitié du XIXe siècle. Ainsi, Napoléon, Louis XVIII et les duchesses d’Angoulême et de Berry sont mis en scène dans leurs intérieurs, aux Tuileries ou dans leurs hôtels particuliers. Balzac va également mettre en scène son propre hôtel particulier, rue Fortunée, qu’il achète en 1846. Trois dessins aquarellés de l’architecte Santi montrent l’intérieur de l’hôtel, qu’il remeuble avec un goût antiquisant, en allant jusqu’à remonter des boiseries du XVIIIe siècle et restaurer les décors existants. Son hôtel illustre la rencontre de l’imaginaire et de la réalité dans ses écrits et dans sa vie.
La deuxième salle montre l’importance des images de la mémoire chez Balzac dans l’ameublement. Si son titre peut paraître flou, son but est en fait assez clair : il s’agit de montrer le type de mobilier commun dans les milieux bourgeois de l’époque de Balzac. Ces meubles ont connu une diffusion extrêmement large, et se retrouvent dans les descriptions de Balzac. L’exemple choisi est celui des pendules. Leur succès devrait être très important car tous les modèles ont été retrouvés dans les collections du Mobilier national. Pour ce qui est de leur thème iconographique, la mythologique laisse progressivement place à l’histoire nationale et l’épopée napoléonienne. Le second exemple de cette salle est le carton du Triomphe d’Alexandre par Le Brun. De nombreuses descriptions de Balzac montrent différents supports, notamment des gravures, faisant référence à la tenture de Le Brun.
La troisième salle sert à déterminer dans quelle mesure il y a inspiration des lieux réels ou imaginaires dans l’architecture, le décor et le mobilier balzacien. En plus du mobilier exposé, cette salle présente de nombreux plans d’architecte réalisés d’après les descriptions de Balzac. On trouve par exemple le plan de la maison de Félix Grandet à Saumur. Les maisons décrites par Balzac sont celles de la province française de l’époque. Elles se composent d’une antichambre qui sert de salle à manger, une cuisine, un salon, une ou plusieurs chambres et des espaces plus intimes (cabinet de toilette, boudoir, cabinet de travail, bibliothèque).
Dans les autres salles du château on trouve la reconstitution d’une salle à manger, montrant l’importance du repas comme marqueur de position sociale,
d’un cabinet de travail et d’un boudoir mis en parallèle, le salon est quant à lui rempli de meubles pour présenter un large éventail du mobilier des salons balzaciens. Au 2e étage sont reconstituées l’antichambre et la chambre du curé de Tours. Trois portes d’armoires de bibliothèque provenant du fonds de l’ancien Garde-meuble de la Couronne évoquent la bibliothèque de l’abbé Birotteau « provenant de la démolition d’un château dépecé par la Bande Noire, et remarquable par des sculptures dignes de l’admiration des artistes ».
L’exposition s’achève au rez-de-chaussée par la restitution d’un magasin de curiosités, qui est, d’après le dossier de presse, un « véritable cabinet de curiosités d’un monde infini où le regard est invité à se perdre, tel une mise en abyme du destin de Raphaël de Valentin dans La Peau de chagrin ». Parmi les œuvres présentées dans cette restitution assez folle, on trouve la tapisserie de la Famille de Darius aux pieds d’Alexandre par les Gobelins d’après les cartons de Le Brun, un serre-papier de Boulle des années 1710, un cabinet en ébène, bois noirci, écaille, étain, cuivre et bronze doré des XVIIe et XIXe siècles qui se trouvait à l’hôtel Salomon de Rothschild, un Moïse de Michel-Ange du XIXe en bronze, des faïences d’Avisseau, des lécythes attiques et des pistolets des collections de la Société Archéologique de Touraine, un alligator du Mississippi, un boa constrictor…
