Une visite chez les Romanov. Trois monuments incontournables de Saint-Pétersbourg et de ses environs

Saint-Pétersbourg, également appelée « la Venise du Nord » pour ses réseaux de canaux et son architecture à l’unité exceptionnelle, a été fondée en 1703. Elle est née de la volonté d’un homme, le tsar Pierre le Grand (1682-1725), et relève du défi de par sa situation géographique : des marécages en bord du golfe de Finlande. Sa construction s’est faite dans le respect de règlements impériaux implacables, allant jusqu’à fixer la hauteur et la largeur des fenêtres.

En 1712, la ville nouvelle devient capitale de la Russie et le restera pour deux siècles. Toute l’administration y est transférée et en 1724, sa population a dépassé celle de Moscou. Dès lors, les tsars successifs ne cesseront, à la suite de Pierre Ier, d’embellir la capitale par de grands projets architecturaux et urbanistiques. Saint-Pétersbourg devient la vitrine du pouvoir des Romanov, jusqu’à leur chute en 1918.

Aujourd’hui, toutes les anciennes mesures esthétiques contribuent à faire du centre historique de Saint-Pétersbourg un conservatoire architectural exceptionnel ; il est d’ailleurs inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1990.

Entre palais et temple dédié aux arts : le musée de l’Ermitage.

Situé en bordure de la Neva et au cœur de la ville, le musée de l’Ermitage est aujourd’hui un symbole de Saint-Pétersbourg. Constitué de plusieurs bâtiments distincts, sa surface d’exposition et le nombre d’objets exposés dépassent ceux du Louvre.

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Les différents bâtiments constituant le musée. Vue depuis la Neva

Le premier bâtiment constituant l’ensemble est le Palais d’Hiver, ancienne résidence impériale. Ce dernier frappe par ses dimensions colossales. Il fut réalisé à partir de 1754 par l’architecte italien Rastrelli, à la demande de l’impératrice Elisabeth, la fille de Pierre.

L’histoire de la collection commence sous Catherine II (1762-1796). Souveraine charismatique et grande mécène, elle acquiert au cours de son règne plus de 4 000 toiles et 10 000 dessins sous les conseils d’érudits tels que Diderot. Pour abriter ses collections, elle commande un premier bâtiment de style classique à l’architecte Vallin de la Mothe (le Petit Ermitage). Puis, face à la croissance exponentielle de sa collection, elle commande la construction d’un autre bâtiment (le Grand Ermitage). Enfin, elle adjoint au Palais d’Hiver un théâtre destiné à des représentations privées pour la famille impériale, créant ainsi un grand ensemble dédié aux arts et fortement lié au pouvoir.

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Rembrandt, Danaé, 1636-1643, huile sur toile, musée de l’Ermitage. Il s’agit d’une des nombreuses toiles du maître acquises par Catherine II.

Les successeurs de Catherine II poursuivent plus modestement les acquisitions. Un autre bâtiment est ajouté à l’ensemble (le Nouvel Ermitage) et en 1852, Nicolas Ier ouvre les collections au public en créant le Musée impérial.

Aujourd’hui, cet ensemble architectural éclectique abrite plus de trois millions d’objets, dont seulement 60 000 sont exposés faute de place ! Le musée de l’Ermitage constitue donc un témoignage précieux de l’ancienne puissance impériale, non seulement par l’importance considérable des collections, mais également par la somptuosité des bâtiments et des anciennes salles du Palais, qui constituent une partie intégrante de la visite.

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Salle d’apparat du Palais d’Hiver. Crédits : Thibault Chappe (Flickr)

 

Peterhof, un rival de Versailles au bord de la Baltique.

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C’est à nouveau Pierre le Grand qui est à l’origine de ce chef d’œuvre, un havre de paix bâti à trente kilomètres de la ville. Le projet naît en 1714, et les premiers plans sont décidés par l’empereur lui-même. Après avoir visité Versailles, Pierre confie la réalisation de sa résidence à un architecte français élève de Le Nôtre : Jean-Baptiste Le Blond. L’inauguration de l’ensemble a lieu en 1723.

PETERHOF_JARDIN.jpg© 2004-2016 Les Reporters du Grand Sud

C’est dans les jardins que l’influence versaillaise est la plus évidente. Tourné vers la Baltique, le parc fut réalisé selon une symétrie marquée par un canal, créant une perspective classique et très aérée. Les croisements des allées sont marqués par des fontaines. L’ensemble le plus impressionnant est celui de la Grande Cascade, aménagée directement en contrebas du palais et ornée d’une statue monumentale représentant Samson.

La décoration intérieure du palais fut réalisée en plusieurs étapes. D’abord dirigée par Le Blond, elle fut ensuite confiée à l’architecte Rastrelli (celui-là même qui fit ensuite le Palais d’Hiver). L’exubérance des décors de Rastrelli contraste avec la sobriété de ceux de Le Blond. Progressivement, les souverains s’éloignent du modèle versaillais pour un univers de luxe, de faste et de fantaisie propre au XVIIIe siècle.

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La cathédrale Saint-Sauveur-sur-le-Sang-Versé, chef-d’œuvre d’architecte ou travail d’orfèvre ?

Ce petit édifice de plan centré est un des plus beaux exemples du style néo-russe. Bâtie entre 1883 et 1907, à une époque de nationalisme romantique, elle reprend des caractéristiques de l’architecture russe médiévale et du XVIIe siècle : coupoles torsadées, corniches chantournées… Cette abondance de décors extérieurs monumentalise la cathédrale, et en fait un des bâtiments les plus marquants de Saint-Pétersbourg.

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Sa construction est liée à l’assassinat d’Alexandre II en 1881 par des révolutionnaires. Son fils, Alexandre III, ordonna la construction d’une église sur l’emplacement exact de l’attentat : la cathédrale avait donc à l’origine un rôle de mémorial.

L’intérieur est un festival de couleurs et de matériaux. La totalité des murs et plafonds, soit plus de 7 000 m², est recouverte de mosaïques en excellent état (une campagne de restauration de trente ans a eu lieu jusqu’à la réouverture de l’église en 1997), représentant des scènes bibliques et de minutieuses frises florales. L’ensemble fut conçu par des artistes russes de l’époque.

spilled_blood_5.jpgCopyright 2011 Art Intour

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