Gilgamesh. Première épopée sumérienne.

Approchez approchez, venez entendre, ou plutôt lire, la plus ancienne épopée connue. Celle contée par les Sumériens et reprise ensuite par les Akkadiens.

Gilgamesh, le héros de ce récit est loin d’être un modèle de vertu. Roi d’Uruk créé par la déesse Aruru, mère de tous les hommes, il est arrogant et tyrannique. Tue les fils et viole les filles de son peuple. Ce dernier appelle au secours les dieux, il est alors décidé que la déesse qui l’a créé va faire un autre être, aussi fort et beau que Gilgamesh. Il s’agit d’Enkidu.

Ce dernier est lâché au milieu des animaux sauvages et vit parmi eux mais un trappeur le voit et effrayé prend conseil auprès du roi. Celui-ci lui dit d’amener une prêtresse d’Ishtar à Enkidu pour qu’elle se donne à lui. C’est ce qui est fait et après six jours et sept nuits à faire l’amour à la prêtresse, Enkidu n’est plus une bête, il ne court plus assez vite et les animaux le fuient.

La prêtresse lui dit d’aller voir Gilgamesh, cet homme qui oppresse son peuple et qui est son égal. À leur rencontre, ils se combattent et se tiennent tête avant qu’enfin Gilgamesh ne prenne le dessus : ils se lient alors d’amitié, se considèrent comme frères.

Plus tard, Gilgmaesh décide d’aller récupérer les bois de la forêt des cèdres, bien précieux mais domaine du dieu Enlil gardé par le monstre Humbaba. Leur trajet est long et ponctué de rêves qui effraient Enkidu mais Gilgamesh est décidé à achever sa quête.

Lorsqu’il est sur le point de tuer Humbaba, celui-ci le supplie de l’épargner, Enkidu pousse Gilgamesh à le tuer. Humbaba les maudit tous les deux.

Rentrés à Uruk les deux amis sont acclamés, Ishtar se donne à Gilgamesh qui la rejette et l’insulte. Elle avait l’habitude de se débarrasser des amants dont elle se lassait, Gilgamesh ne veut pas être l’un d’eux. Ishtar réclame au dieu Anu le Taureau des dieux qui amènera sept années de famine. Cependant, Enkidu et Gilgamesh arrivent à tuer le Taureau mais les dieux veulent punir les deux amis.

Enkidu tombe gravement malade et meurt. Gilgamesh est alors inconsolable d’avoir perdu son frère mais surtout son égal et cela le renvoie à sa propre mortalité.

Le roi décide donc de partir à la recherche de l’élixir d’immortalité. Utnapishtim est l’homme que les dieux ont récompensé après sa survie au Déluge d’Enlil. Gilgamesh affronte de nombreuses épreuves et fini par obtenir un buisson qui lui permettra d’être immortel. Mais alors qu’il se repose, un serpent vient s’emparer du buisson. Gilgamesh se retourne alors pour rejoindre la ville d’Uruk.

Notes personnelles.

Je vous ai raconté ici la version de Stephen Mitchell et traduit de l’anglais par Aurélien Clause. J’aime particulièrement cette version car elle est formée comme un poème et donc facile à lire. L’auteur admet avoir omis des parties non complètes ou trop répétitives. Les mythes sumériens et akkadiens sont marqués par de nombreuses répétitions, les actions mais surtout les paroles sont répétées.

Je ne saurais vous décrire la morale exacte de cette épopée. Ce roi tyrannique qui échoue à sa mission malgré les épreuves qu’il a enduré : Doit-on l’admirer ? Le plaindre ? Le haïr ?

Il existe de véritables morceaux de bravoure dans ce texte, des instants qui nous font oublier que nous lisons une fable de plus de cinq mille ans. Je me permet de vous mettre ce long extrait. Lorsque le sage Utnapishtim parle de la mort à Gilgamesh.

« C’est vrai : les dieux ont pris la vie de ton ami.

Mais notre vie est courte, et soudain elle rompt

Comme un roseau parmi les grands bouquets de joncs :

Un superbe jeune homme – une adorable vierge –

La mort vient et les cueille à la fleur de leur âge.

La mort que nul ne voit, la mort que nul n’entend,

Sans visage et sans voix – elle nous brise tous,

Soudainement, sauvagement, jeunes ou vieux,

Elle nous brise tous. Pourtant, nous bâtissons

Des maisons, contractons, partageons l’héritage –

Nous luttons comme si la mort n’existait pas.

Mais le vent se lève et la rivière déborde

Et nous emporte au loin comme les éphémères

Glissant au fil de l’onde : nous voyons se lever

Le soleil ; mais bientôt, nous ne sommes plus rien.

Le dormeur et le mort – vois comme ils se ressemblent !

Pourtant, l’un se réveille et ouvre les paupières

Alors que l’autre part pour ne plus revenir.

Qui peut deviner quand son dernier jour se lève ?

Car l’assemblée des dieux décide de nos sorts,

La mort comme la vie, ils l’imposent à l’avance –

Mais notre dernier jour, ils le gardent secret. »

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s