Chill, Baudelaire & Wine

Après avoir arpenté pendant une semaine les expositions qui se terminent très prochainement, il ne m’était pas venu à l’esprit de passer mon samedi soir encore dans un musée. Pourtant, j’ai quitté mon appartement surchauffé pour quelques heures, la curiosité piquée au vif. La faute revenant à un événement Facebook au doux nom de Chill avec Baudelaire. J’aime chiller et j’aime Baudelaire : le rendez-vous était pris. Ma soirée se ferait donc au Musée de la Vie Romantique en compagnie du Prix Littéraire des Grandes Ecoles.

IMG_5599.jpgPour pouvoir profiter de toutes les activités de cette soirée, il valait mieux arriver à l’heure. Une masse se forme devant la minuscule grille du musée de la déserte Rue Chaptal. Nombreuses sont les personnes à vouloir rendre visite à leur pote Charlie. Certaines salles du musée sont limitées à cinquante visiteurs, contrainte diriez-vous. Mais ce rapprochement qu’exerce l’espace exiguë crée une certaine ambiance et des sourires s’échangent alors plus facilement dans ce public qui est principalement estudiantin. Un before intellectuel avant d’aller danser à Montmartre ou ailleurs.


img_5580Le ton baudelairien est donné dès l’entrée du musée. La petite allée dallée est embaumée par de l’encens, aidant à l’ouverture des chakras. Par la nuit déjà tombée, c’est un monde mystérieux rempli de surprises qui s’ouvre un peu plus à chacun de nos pas. Un programme est donné, trois « lectures » sont proposées ainsi que la possibilité de se restaurer au profit d’Une Couverture pour l’Hiver en profitant d’un dj set d’Art’is’Trip.

Les collections permanentes n’étant pas ouvertes, tout se concentre sur l’exposition temporaire L’Oeil de Baudelaire. Par ces lectures détonnantes, un autre Baudelaire est découvert. Dès les premières phrases, l’ambiance est rajeunie. Finis les grands discours trop carrés d’historiens, les oeuvres se dévoilent sous un jour nouveau. Il n’y a pas de censure et des thèmes légers comme profonds sont abordés. Jeanne Duval, Nadar, Delacroix… Tous « prennent cher ». Car ce langage qui fait sourire au premier abord délivre un vrai message. La nymphe au scorpion de Bartolini est décrite comme une nympho qui osef de mourir puisqu’elle se réincarne par la IMG_5582.jpgsuite. Delacroix nous explique qu’il a peint La liberté guidant le peuple car ça le faisait triper de peindre une femen avec un drapeau. Deroy nous raconte comment Baudelaire prend la pose dans son atelier avant d’être finalement comparé à un bobo. Nadar râle du fait que le poète se fasse tirer le portrait à plusieurs reprises avant de dénigrer comme art la photographie quelques temps plus tard. Ce genre de discours nous rappelle sans hésiter Les Boloss des belles lettres

On mélange donc ce monde d’antan avec celui d’aujourd’hui. Master Chef ou La France a un Incroyable Talent deviennent des éléments de comparaison valables. L’art qui peut sembler si lointain et sombre devient plus accessible. Tous les arts s’expriment : la peinture, la sculpture mais aussi la photographie tout en faisant un tour par le dessin. Chaque intervention est rythmée par une ou deux personnes et dure une dizaine de minutes. Assez pour pouvoir profiter pleinement des oeuvres exposées. 

Le XXIe siècle s’accentue avec un accent mis sur le numérique. Les réseaux sociaux sont particulièrement visés avec la mise en place d’hashtags pour que l’expérience soit partagée au maximum. Les visiteurs publient leurs commentaires dans une mouvance aussi fleurie. Un Twitt wall a été créé par projection pour suivre en direct l’aventure virtuelle.

 

img_5595S’ensuit alors un parcours extérieur. L’atmosphère hivernale est réchauffée par le live d’Antoine Béranger et par le vin chaud de l’association Une Couverture pour l’Hiver. Ce buffet caritatif, installé dans la serre, propose un large choix de sandwichs, pâtisseries et boissons. Cette soirée est donc aussi le moyen de découvrir cette jeune association qui vient en aide aux sans abris. Leur démarche n’est pas une simple maraude qui apporte de la chaleur humaine et gustative, elle joint à celles-ci une plus matérielle par le don de couvertures.


Dans le jardin, la fumée de cigarette se mélange à celle provoquée par les boissons chaudes, donnant une atmosphère mystique. De rares danseurs se trémoussent, engoncés dans leurs épais manteaux, les autres préférant se reposer sur les chaises de jardin, ripaillant gaiement dans cette ambiance rappelant de doux souvenirs estivaux. Certains se laissent happer par la nuit, fermant les yeux doucement. Chacun vit à sa manière ce moment de détente électro qui offre une nouvelle envergure à ce musée presque trop caché.

C’est donc une soirée réussie que nous a proposé le PLGE et le Musée de la Vie Romantique. Il est souvent difficile de faire venir des visiteurs jeunes dans un musée un froid samedi soir d’hiver. Tous les composants essentiels du plaisir étant là : musique, art et vin. Il ne reste plus qu’une question à poser : à quand la prochaine ?

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