Le buste de l’empereur Commode en Hercule

L’empereur Commode est tristement célèbre pour sa cruauté et son penchant dans la folie et malheureusement la façon dont il est dépeint dans le film Gladiator n’est pas totalement fausse. Ce buste est justement un bon moyen de s’en rendre compte.

Un buste original…

Ce buste représente l’empereur Commode (180-192 ap. J-C.) avec les attributs du héros mythologique Hercule tels que les pommes du jardin des Hespérides dans sa main droite, la massue dans la main gauche mais surtout la léonté, la peau du lion de Némée. Ces attributs font donc directement écho aux travaux effectués par le héros. Le visage de l’empereur est remarquable pour sa barbe et ses cheveux aux boucles foisonnantes et très imposantes, qui offre un contraste fort avec les chairs lisses. Sur la partie basse se trouvent de petits éléments fragmentaires avec un corps de femme agenouillé, deux cornes d’abondance entrelacées autour d’un bouclier et un globe. Cette partie inférieure est très originale puisqu’elle constitue un socle complexe à ce buste.

…pour une œuvre caractéristique de la période au message politique très fort

Les portraits de l’époque antonine témoignent d’une réelle évolution dans les codes de représentation. Leur caractéristique principale est l’usage du trépan (outil de sculpture) poussé à son paroxysme pour les boucles. C’est le cas ici avec des boucles creusées très profondément dans ses cheveux et sa barbe. Cet effet est totalement dans la continuité des portraits impériaux, notamment de Marc-Aurèle et de Lucius Verus qui, tous les deux, ont laissé des portraits avec des barbes et des cheveux traités en boucles foisonnantes. Ce type de boucles imposantes sera repris par la suite avec les portraits de Septime Sévère si bien que ces dernières deviennent presque le sujet principal de ces représentations. Enfin, on peut remarquer que Commode a les iris creusées, une caractéristique qui apparaît sous le règne de son père.

1)Lucius Verus, Acqua Traversa, entre 180 et 183 ap. J.-C., musée du Louvre

2)Marc-Aurèle, Acqua Traversa, entre 180 et 183 ap. J.-C., musée du Louvre

3)Septime-Sévère, Markuna, entre 205 et 211 ap. J.-C., musée du Louvre

S’il succède à Marc-Aurèle, Commode n’en appliquera pas pour autant les sages préceptes de son père. Ce buste n’est pas une commande officielle. Cependant, il s’inscrit tout à fait dans le message politique mené par l’empereur. Ici, il est clairement associé à Hercule et ce, de son vivant, ce qui constitue un message politique très fort. On sait que l’empereur aimait se faire appeler Hercule ou Amazonius, ce qui prouve une certaine démesure et une volonté de valoriser son image en s’associant aux dieux. En effet, le territoire de l’Empire était fragilisé puisque Commode s’en désintéressait, ce qui causait la colère des citoyens. Il souhaite montrer aussi que malgré les complots d’assassinats qui pèsent sur lui, il en est sorti indemne. De plus,  la partie inférieure du buste a pour but de signifier les bienfaits que son règne apporte au peuple romain avec les cornes d’abondance. Quant au torse d’amazone fragmentaire, à la pelte (bouclier d’amazone) et au globe avec des signes zodiacaux, ils font référence à des évènements importants de son règne. Il veut donc montrer que son règne correspond à un nouvel âge d’or et qu’il ne procure que la félicité. Mais Commode fut vaincu par son impopularité et mourut assassiné en 192 à la suite d’un complot fomenté contre lui. Considéré comme un empereur cruel, il ne fut pas divinisé par le Sénat après sa mort.

Ce buste est donc un bon exemple de la volonté de Commode d’être associé aux dieux et de montrer son règne comme un nouvel âge d’or pour l’Empire romain bien qu’il fut très impopulaire.