
Du 28 janvier au 23 avril 2017, la Cité de la Dentelle et de la Mode de Calais (Pas-de-Calais) se met aux couleurs taïwanaises. Après plus de deux ans de collaboration entre institutions françaises et taïwanaises, cette exposition présente trois jeunes créateurs de cette scène si souvent oubliée mais tellement prometteuse.
Une exposition en trois temps quatre mouvements

Apu Jan, Mei-Hui Liu et Shao-Yen Chen sont de jeunes créateurs taïwanais implantés à Londres. Tous les trois ont leur propre univers et sont aujourd’hui mis en avant lors de cette exposition. Leurs mondes sont retranscrits dans la scénographie. Une courte biographie est présente au début de chaque partie, permettant de comprendre leurs inspirations qui sont souvent liées à leur parcours. Un intermède spécial dentelle de Calais-Caudry est présent au milieu de la seconde partie. Dans un écrin de miroirs, sont présentées trois créations spécialement réalisées pour l’exposition. Les manufactures Darquer, MyDesseilles et Sophie Hallette ont donné de leur dentelle pour pouvoir allier création contemporaine et histoire du lieu. Moment de symbiose entre leurs imaginaires.

Peu d’expositions de mode mettent en avant de jeunes créateurs contemporains. Pour allier le ludique avec la connaissance, l’espace d’exposition de Mei-Hui Liu recèle de surprises. La première est avec la robe de mariée qui s’allie aux voeux. Des crayons, épingles à nourrice et papiers sont mis à disposition pour participer à l’élaboration de l’emblématique robe du jour J. L’expression « tous mes voeux de bonheur » prend alors son sens matériel. La seconde surprise plait particulièrement aux enfants mais pas que. Une petite cavité a été aménagée avec des murs colorés, un miroir et surtout des vêtements et accessoires de la créatrice. Le but est de les essayer comme dans une cabine et ensuite se plonger directement dans l’esprit des pièces.
Cette exposition de taille moyenne (compter une heure pour la parcourir) permet d’ouvrir l’esprit du visiteur à un univers qui lui est peu connu. La mode japonaise fait souvent de l’ombre aux autres scènes asiatiques. Le mal est ici réparé et vous avez jusque fin avril pour découvrir ces trois perles d’Extrême-Orient.

Apu Jan
Apu Jan est né et a grandi à Taiwan avant de partir pour l’Angleterre où il est diplômé du Royal College of Art de Londres en 2012. Il est spécialisé dans le prêt-à-porter et plus particulièrement le tricot. Il mélange le savoir-faire asiatique des matières nobles et tissages complexes avec le goût européen. Le tout dans un univers surréaliste. Il lance sa marque Apujan en 2013 et la renommée ne tarde pas à se faire connaitre. Il participe cette même année à la Fashion Week de Londres mais présente ses collections aussi bien au showroom Tranoï de Paris que dans les pages du magazine Wallpaper. En 2014 il est élu homme de l’année par GQ Magazine. Son succès retentissant ne fait que croitre et ses mailles tricotées main dans une technique unique continuent à faire parler de lui dans une envergure internationale.
Mei-Hui Liu
Créatrice internationale elle aussi, elle réalise ses projets un partout dans le monde dont le Royaume-Uni et Taiwan dont elle est originaire. Après un cursus scolaire partagé entre l’étude de la mode, de l’art et des langues, elle crée en 1998 sa marque Victim Fashion Street. Elle lance une collection sur-mesure au début des années 2000 et il est possible de trouver ses réalisation au marché de Camden à Londres. En dix ans, ses facettes se multiplient. Professeur à l’Instituto Marangoni de Londres de Londres, elle développe en même temps une gamme de prêt-à-porter et participe à de nombreux événements dont des expositions. L’ADN de ses inspirations est visible dans chaque détail de ses créations. Ses pièces, pour la plupart uniques, sont réalisées avec des tissus et dentelles anciens. Elle met au goût du jour des matières délaissées par les modes dans des coupes oniriques inspirées de l’époque victorienne. Une trace britannique est récurante, allant jusqu’à l’utilisation d’un drapeau Union Jack vintage. Elle réalise aussi du prêt-à-porter et a notamment collaboré avec Top Shop en 2002.
Shao-Yen Chen
Le parcours de Shao-Yen Chen n’a rien à envier à ceux de ses co-exposants. Diplômé en 2010 du Central Saint Martins College de Londres, il crée sa marque de prêt-à-porter féminin Shao Yen. Par la suite, il participe à de nombreux projets touchant autant à la mode qu’au cinéma. On le retrouve dans les showroom, mais aussi défilés, parisien et londonien lors des Fashion Week. Il participe à de nombreuses expositions, chemin logique suite à son inspiration. Sa première passion est l’art du métal, science qu’il étudie avant de se lancer dans la mode. Ses réalisations sont donc le fruit de recherches et expérimentations sur la question du corps mais aussi sur celle de la matière. Il a travaillé dans des maisons de couture de renom comme Alexander McQueen et Hussein Chalayan. Ces passages ont laissé des traces sur les coupes et jeux de couleurs. Ce ne sont donc pas de simples vêtements qui sont exposés mais de réelles oeuvres sculpturales qui mènent le visiteur à réfléchir sur ses acquis.