Sfar – Dali, une seconde avant l’éveil

L’exposition dont nous allons parler aujourd’hui, s’achève le 31 mars à l’espace Dali, à Montmartre. Mise en scène autour de la collection permanente d’œuvres de Salvador Dali, elle nous présente à la fois un commentaire de l’œuvre du peintre espagnol, tout en étant en quelque sorte en fusion avec. Joann Sfar, est un dessinateur de bandes dessinées, auteur notamment du Chat du Rabbin, mais aussi et surtout un très grand admirateur de Dali ; admiration et respect qui se montre et ressent tout au long du -court- parcours proposé. Comment les dessins de Sfar, tirés de sa bande dessinée Une seconde avant l’Eveil peuvent-il apporter quelque chose à l’œuvre du grand artiste surréaliste ?

Une bande dessinée hommage

Dali, a été très important dans la carrière de Sfar : le dessinateur l’admet lui-même, il est celui qui l’a guidé, qu’il a choisi pour maître. Et, pas tant pour le Dali peintre, c’est surtout le théoricien que Sfar admire depuis tant d’années, pour sa vie, sa manière de « marier Gala deux fois », ou même sa mort : au lieu d’être inhumé ou incinéré comme on le voit le plus souvent dans nos sociétés modernes, Dali s’est fait cryogénisé. Lorsque l’idée a été émise, de mêler dessins de Sfar et art de Dali, l’auteur du Chat du Rabbin a passé toute une année avec les peintures de Dali, pour trouver que plus que son style, ce qui importe est les images, des sortes de collage tout droit sorti de l’imagination du maître et possédant une signification précise.

Puis Sfar a commencé à écrire sa bande dessinée, Une seconde avant l’éveil. Un peintre, et quatre modèles s’enferment dans une maison, afin de recréer les peintures de Dali, et essaient aussi de réveiller leur inspirateur. Les planches en noir et blanc sont ainsi disposées tout au long du parcours, des citations parfois reprises, des vignettes agrandies, mais le tout, étant toujours en rapport avec les œuvres de Dali présentes.

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Redessiner pour mieux créer

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L’exposition, qui n’est pas délimitée par des salles précises mais plutôt par des thèmes (la mode avec les quatre robes de Schiaparelli créées avec Dali, notamment au début de l’exposition, ou d’autres reprenant des dessins) reprenant l’imaginaire de l’artiste, et le complétant avec les planches de Joann Sfar. Ainsi, on part pour un voyage ‘immobile’ au sens où les œuvres ne bougent pas, qu’il n’y a ni installation vidéo ni audio. Mais un voyage tout de même : les œuvres, notamment sculptées de Dali, sont mêlées aux dessins de Sfar, le dessinateur apportant un éclairage nouveau : le tracé à la fois nerveux et sinueux des personnages répondant aux œuvres défiant toute rationalité de l’artiste espagnol, au sens ou parfois des copies sont faites, d’autres fois une œuvre est entourée de planches apportant un autre sens, un autre éclairage sur ce thème.

Tout au long du parcours, cette exposition se présente comme une bulle, fusionnant les univers de deux artistes à la fois similaires et très différents, se répondant, ajoutant des choses, de la réflexion, commentant les œuvres l’un de l’autre. Une véritable fusion se fait.

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L’importance du corps féminin

Dans l’œuvre de Dali, un élément revient, souvent : le corps féminin, inspiré par sa muse et épouse, Gala. Et Sfar, l’a bien compris. Ne serait-ce que par le fait de mettre en scène quatre femmes mannequin nues tout au long de son album, mais aussi par la puissance qu’elles peuvent avoir. Ces femmes, sont naturelles. Elles tiennent des propos osés, parlent de sexe sans retenue. Et sont parfaitement de l’attraction qu’elles peuvent exercer sur les autres, tout en exerçant la même réflexion encore et toujours : comment saisir l’esprit de Dali, pour recréer ses tableaux. Comment réussir à être Gala, image rendue immortelle.
Et on retrouve ces femmes, toujours en gros plan, tout au long de l’exposition, parfois cachées, toujours en adéquation avec les œuvres de Dali montrées, comme la statue de la femme tiroir. Parfois, elles complètent aussi les œuvres, parfois elles sont juste ‘elles-mêmes’ et pas des modèles présents pour reprendre des choses déjà faites. Mais elles sont toujours présentes, en écho au travail de Dali sur le corps féminin et à sa récurrence ; et aussi inspirées par la photographie où Dali pose devant quatre modèles nus.

Ainsi, l’exposition Sfar – Dali, une Seconde avant l’éveil, est un hommage rendu à un grand artiste surréaliste, où deux univers communiquent entre eux et nous emmènent découvrir un espace complètement revisité.

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