
Au cours de mes très nombreuses lectures de mangas, je me suis trouvée surprise devant le traitement des héroïnes ou personnages secondaires féminins. Pour illustrer mon propos, je vais m’appuyer sur des shôjo (mangas dit « pour filles »), des shônen (dit « pour garçons »), et josei (centré sur l’histoire de femmes adultes). Il existe de très nombreux types de mangas mais je souhaite ici m’appuyer sur ceux que je connais le mieux.
Le shônen :
L’objectification de la femme :

Bleach en est un des exemples les plus flagrants mais on le retrouve aussi dans One Piece et Fairy Tail. Des pages entières sont consacrées à des dessins exclusivement faits pour les lecteurs masculins. Cette page spéciale pour les mois d’été présente tous les personnages féminins de Bleach en maillot de bain bien trop étroits pour elles. Je tiens à préciser que Bleach se déroule dans un univers où ces personnages ne seraient jamais en contact avec un maillot de bain. Il s’agit alors seulement de flatter une sorte d’étrange ego d’une part tout de même réduite du lectorat. Du moins je l’espère réduite.

Dans One Piece, point de pages spéciales mais il faut tout de même rappeler l’étrangeté concernant la poitrine de Nami. Apparue dans le premier tome du manga avec une poitrine tout à fait moyenne, elle se retrouve dès le tome 26 avec une poitrine bien plus conséquente. Ce fait a été évoqué par beaucoup de lecteurs et est une blague récurrente dans la communauté des fans mais reste dérangeant car illustre un lieu commun dans les mangas.
Le rôle de la femme :
Naruto en est l’exemple le plus probant. Ten-Ten, Sakura, Temari et Hinata sont des personnages féminins de première importance et pourtant le traitement qui leur est réservé est loin d’être justifié. Ten-Ten est l’une des rares ninjas à se spécialiser dans du combat sans usage de chakra important et pourtant, malgré ses capacités clairement fortes, elle n’est pas développée dans les 72 tomes du mangas. Hinata reste toujours rattachée à l’attirance qu’elle a envers le héros Naruto. Sa famille a pourtant une histoire compliquée qui aurait facilement permis de développer plus profondément son personnage, comme ce fut le cas pour son cousin Neji.
Temari et Sakura sont deux personnages développés selon un schéma à peu près semblable. Sakura commence l’histoire sans être très forte alors que Temari s’impose tout de suite comme une ninja de très grande force. Sakura évolue et se fait entraîner par Tsunade, une femme ninja puissante, intelligente, célibataire et qui s’assume comme une femme indépendante. J’avais alors beaucoup d’espoir pour Sakura qui devient cette ninja médecin cultivée et avec une énergie phénoménale. Temari de son côté est régulièrement présentée comme indépendante : quand des personnages font allusion à une relation qu’elle aurait eu avec un homme, elle le nie totalement. C’est la sœur du chef de la Nation du Sable, elle est forte, sauve des personnages plus développés qu’elle à plusieurs reprises.
Lors de la bataille finale, Sakura énonce clairement qu’elle ne veut pas être protégée par Naruto et Sasuke, elle part à l’attaque mais bien sûr se met en danger et doit être sauvée par les deux garçons.

Le pire se situe dans l’épilogue où chaque personnage masculin a un rôle important dans la vie du village et reste un ninja actif. Chaque femme est quant à elle réduite à une condition de femme au foyer. Sakura s’inquiète de détruire sa maison dans ses accès de colère et lors de sa réception de factures.
Si cela n’avait été qu’une exception, ce pourrait être compréhensible mais là c’est un systématisme agaçant.
Espoir espoir :
Fullmetal Alchemist est un manga shônen écrit par une femme. Si les personnages principaux sont masculins, les femmes ne sont pas en reste. Winry est une mécanicienne au fort caractère qui, bien qu’elle soit amoureuse du héros, est une aide constante à celui-ci. Elle se développe seule, va étudier loin de sa famille sur un coup de tête et préfère voir l’homme qu’elle aime voyager plutôt que de se morfondre sur place et l’agacer.
Riza est un lieutenant de l’armée, elle a fait la guerre et tente de gérer ce passé avec autant de difficulté que ses collègues masculins. Si elle est fidèle à son supérieur Roy, rien n’indique qu’ils soient en couple durant le manga ou par la suite. L’auteur laisse le lecteur choisir quelle relation accorder à ces deux personnages.

Olivia Armstrong est une générale de division dans une région très rude au nord du pays. Elle dirige son unité d’une main de fer, n’a aucune affection particulière pour les enfants. S’il est montré qu’elle prend soin de sa famille, à sa façon, elle est avant tout une femme prête à tout pour arriver à ses fins et une chef que ses subalternes admirent et respectent.
De la même manière, la même auteur dans son manga Silver Spoon, détourne les clichés de la femme japonaise douce et destinée à se marier avec de bons traits d’humour. Une professeur quitte l’école, tout le monde pense qu’elle va se marier mais elle annonce fièrement vouloir devenir garde chasse. Une élève à forte corpulence perd beaucoup de poids après avoir été malade et devient très belle. Tous les garçons s’étonnent mais elle se plaint d’être faible et ne se sent bien qu’une fois son poids repris. Et bien d’autres choses à découvrir…
Le shôjo :
Le shôjo est un type de manga généralement promu pour un public féminin et jeune. Le schéma le plus basique consiste en une fille naïve intégrant un nouveau lycée et rencontrant un beau jeune homme qui le plus souvent est très riche. Ce type peut être agréable à lire la première fois mais lasse vite. Vous le trouvez dans Special A, Host Club, Maid Sama ! et bien d’autres.
Le manga Switch Girl détourne complètement la situation avec une héroïne qui est l’incarnation de ce personnage parfait au premier abord mais cache une personnalité peu soignée. Deux mangas qui me tiennent à cœur changent légèrement du modèle de base sans être aussi extrême que Switch Girl, pour développer des propos intéressants. Il s’agit de Fruits Basket et Skip Beat.
Fruits Basket :

Il est le shôjo par excellence, accessible au plus néophyte des lecteurs. L’héroïne rejoint le cliché de la jeune fille naïve qui garde le sourire en toute circonstance et ne s’énerve jamais. Le propos de ce manga ne se place pas réellement sur cette fille qui sert plus de lien aux nombreux autres personnages du mangas. L’auteur réussit à développer des histoires bien plus complexes et des relations entre les personnages avec une profondeur maîtrisée avec justesse. Même le personnage principal, pourtant parfois agaçant de perfection, révèle ses raisons de cette attitude toujours bienveillante qui la caractérise. Dans cette histoire se trouve une voyou, une fille mystérieuse qui lance des malédictions, une fille battue par sa famille, une enfant traumatisée par des brimades à son école et une femme forcée de se faire passer pour un homme.
L’auteur s’appuie donc probablement sur cette héroïne cliché pour développer le reste de ses personnages avec autant de brio.
Skip Beat :

L’histoire commence comme n’importe quel shôjo. Une jeune adolescente est amie et amoureuse d’une star de la chanson. Elle est gentille, toujours souriante malgré le rejet et l’indifférence affichée du garçon qu’elle aime.
Sauf qu’elle découvre qu’il ne faisait que l’utiliser pour arriver à ses fins. À partir de là, l’héroïne entre dans une rage folle et il est répété que son aptitude à aimer est brisée. Elle ne comprends pas l’utilité de l’amour et est forcée par un concours de circonstances à être en contact régulier avec différentes formes d’amour. L’objectif de l’héroïne est d’abord de devenir célèbre pour se venger de son ancien ami, puis elle se forme l’objectif personnel d’être une actrice de talent pour se former une identité propre.
La psychologie des personnages évite habilement les clichés et intrigue dans le traitement des événements. Parfois étrange, émouvant, drôle et scénaristiquement intelligent, Skip Beat sauve le genre du shôjo.
Le josei :
Happy Mariage :

J’avais bien aimé Private Prince de la même auteur qui racontait une histoire sans aucune surprise mais agréable à lire. Happy Mariage fut une grosse déception. L’héroïne assez naïve se retrouve mariée par arrangement à un homme qu’elle ne connaît pas. Si la relation entre les deux personnages peut être attachante, plus l’histoire avance, plus la relation semble malsaine. Vers la fin de l’histoire, divers soucis de machinations amènent le mari à abandonner sa femme après avoir promis de ne pas le faire. Celle-ci se morfond et lorsqu’ils se retrouvent, elle s’excuse de ne pas avoir été plus utile, de ne pas avoir pu aider son époux qui, je vous le rappelle, l’a abandonnée. Bien entendu, ce dernier lui pardonne et va la dominer psychologiquement tout le long du manga.
La femme dans le manga japonais qui, je suppose, est un reflet d’une certaine réalité de la société japonaise, doit se marier et être aux petits soins pour son mari et ses enfants. Le plus souvent la femme arrête de travailler.

Dans ce contexte tout de même décevant, le manga Let’s get married fut une agréable surprise. La situation est renversée : un homme et une femme avec un travail prenant et dans lequel ils sont bons, se mettent en couple. Si l’héroïne est brillante dans son travail, elle ne rêve que de se marier pour devenir femme au foyer. Le héros, lui, considère le mariage comme quelque chose d’inutile qui ne symbolise rien. Le rôle de femme au foyer est défendu par l’héroïne car elle a de très bons souvenirs de sa vie de famille avec sa mère qui était femme au foyer. Le sujet est habilement développé pour présenter une société en évolution où la femme peut travailler après le mariage mais où cela reste un choix personnel.
Conclusion :
Le manga reste une grande passion personnelle et si je vois les problèmes de la représentation de la femme dans certains mangas, ils n’en perdent pas pour autant leur qualité. Le propos de One Piece n’est pas la femme et les exagérations restent quelque peu acceptables. La présence de mangas présentant des alternatives à cette représentation des femmes fait tout de même déplorer la persistance de ces visions des personnages féminins.
tout ce que tu dit n’as que du vrai oui la mauvaise traitance des femmes est très présent dans les mangas mais elles mêmes je veut dire les femmes s’enfiche de celà moi même c’est dès aujourd’hui que je me dis que la liberté n’est possible que par les actions.
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alors il n y’a une grosse erreur par rapport à Naruto ; sakura n’est pas une femme au foyer elle est la chef du département médicale , la creatrice d’un hopital psycologique pour orphelin et l’un des piliers de konoha ,ino et TenTen également travaille , ino est la leader de son clan et la chef de l’équipe sensorielle de konoha ; hinata est la seule femme au foyer avec kurenai dans boruto .
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Bonjour !
Merci d’avoir pris le temps de commenter. J’avais écris mon article avant que Boruto ne sorte et me basait seulement sur l’évolution des personnages dans le manga Naruto et l’épilogue qui m’avait grandement déçu quand à la représentation des personnages féminins.
Merci d’avoir apporté des modifications au vu des nouvelles publications de l’auteur
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