Christian Dior : Couturier du rêve, magicien du réel

Du 5 juillet 2017 au 7 janvier 2018, le Musée des Arts Décoratifs de Paris accueille l’exposition « Christian Dior : couturier du rêve » à l’occasion du septentenaire de la création de la maison Dior, créée en 1946. Retracer le parcours artistique du créateur de l’illustre maison de couture paraissait un défi ambitieux, du fait de l’ampleur et de la diversité des productions du couturier, mais il est brillamment relevé par les commissaires de l’exposition Olivier Gabet, directeur des musées des Arts Décoratifs et Florence Müller, conservateur des Arts, du Textile et de la Mode.

Quand l’art a aussi de l’importance

Le visiteur, après avoir découvert la biographie et l’enfance de Christian Dior en traversant les premières salles, découvre ensuite un nouvel aspect de la personnalité du couturier : Christian Dior le galeriste et passionné d’art. En effet, le premier amour artistique de Christian Dior n’est pas la mode, mais la peinture, et notamment le mouvement surréaliste dont il est un fervent admirateur. Il expose les œuvres de ses illustres amis parmi lesquels Otto Dix, Salvador Dali, ou encore Paul Klee ; des artistes à la pointe de l’avant-garde artistique des années 1930. Christian Dior, presque par hasard, acquiert alors un nom dans le monde de l’art et devient même directeur d’une galerie de tableaux grâce à son ami Jacques Bonjean.

Son goût pour la peinture surréaliste et les notions de rêve et d’inconscient mises en avant par ce mouvement artistique vont avoir un impact sur Christian Dior en tant qu’illustrateur et couturier. Les silhouettes fines et élancées que le couturier prend comme modèle pour croquer ses vêtements ne sont pas sans rappeler les sculptures graciles d’Alberto Giacometti. De même, les couleurs vives et franches que le couturier affectionne offrent un écho aux œuvres fantasmagoriques de Dali. Son amour pour l’art ne se limite pas à la peinture, mais s’étend aussi à la photographie et au cinéma auquel il rend d’ailleurs hommage à travers ses créations, en nommant par exemple une de ses robes « Jean Cocteau », on retrouve d’ailleurs celle-ci au sein de l’exposition.21441984_10210345200808175_1933323876_n

Le monde est son monde

21363080_10210345201088182_544520135_nChristian Dior, tout en gardant les caractéristiques qui font des créations de la maison de haute couture des productions uniques, a su adapter ses collections aux différents pays du monde. Le visiteur est, dans une partie de l’exposition consacrée aux différentes collections Dior à travers le monde, transporté dans un tour du globe coloré et envoûtant. Le couturier joue avec les traditions de chaque continent, en y transposant la touche Dior. Ainsi, qu’elles soient faites de soie en Chine ou de dentelle en Europe, un œil avisé décèle dans chaque création les coupes assurées et les lignes délicates de la maison de haute couture. L’illustre fondateur de celle-ci n’appréhende pas seulement ses créations comme de simples vêtements mais comme des constructions qui se conçoivent dans des décors aussi bien visuels qu’olfactifs. En effet, Christian Dior associe à chacune de ses créations un parfum, qui lui confère selon lui une identité. Ses créations de parfums seront d’ailleurs rééditées à de multiples reprises et restent aujourd’hui même d’immenses succès tel que Dior Mademoiselle, un parfum fleuri que Christian Dior associe à l’univers tendre et candide de son enfance à Granville, dans lequel le visiteur de l’exposition est transporté en déambulant dans « les jardins Dior ».

Une maison qui ne s’arrête pas

Aussi important que fut Christian Dior dans son rôle de dirigeant de la Maison Dior, la question de son héritage était inéluctable. C’est Yves Saint-Laurent qui fut le premier à reprendre le titanesque rôle de directeur artistique de la maison de couture. Il sut, avec brio, imprimer une touche de modernité à la maison de couture, tout en préservant l’élégance et la féminité qui faisait, et fait toujours, l’essence inégalable de Dior. Ses successeurs se sont tour à tour réappropriés les codes de la maison Dior. Le visiteur de l’exposition est amené à admirer les créations de John Galliano qui apportera une touche farouche et extravagante aux créations Dior, en s’inspirant des personnages du spectacle de rue, ou de Maria Grazia Chiuri, actuelle directrice artistique et première femme à obtenir ce poste, amenant une vision de la mode plus poétique et aérienne.21396864_10210345200848176_1123898259_n

Dior, l’unique

Christian Dior fut un monument de la mode qui a contribué à faire de celle-ci un moyen d’émancipation pour la femme au travers de son œil nouveau, de son « New Look ». Plus que simplement vêtir une femme, il la sublime. Il est le premier à véritablement dévoiler le corps féminin à travers la mode : il affine la taille de ses modèles, affine leurs jambes, féminise leurs bustes, non sans rappeler le style très soigné de la Belle Epoque. Christian Dior réussit à rendre ses créations universelles car chaque femme s’identifie à la femme Dior, celle-ci étant tout à la fois libre, extravagante, fragile, délicate et indépendante. Au cours de cette exposition, même le visiteur le plus réticent à l’univers de la haute couture, dans l’aspect superficiel et impénétrable que celui-ci peut donner à voir, se laisse happer par l’univers onirique et féminin du patriarche de la maison Dior. Il rentre dans cette exposition en pensant qu’une robe n’est qu’un morceau de tissu, il en ressort avec l’impression d’avoir admiré des œuvres d’art, et c’est là que réside tout l’art de Christian Dior, transformer le réel en rêve.

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