Jean-François Millet, Rétrospective. L’exposition-événement de l’automne

« Il cherchait l’essentiel et il l’a trouvé » a dit Paul Montz sur Jean-François Millet en 1875, au moment de la mort du peintre. Du 13 octobre 2017 au 22 janvier 2018, le Palais des Beaux-Arts de Lille se donne la mission de redonner tout son sens à cette phrase et de remettre en lumière l’œuvre de ce grand artiste du XIXe siècle, que la pensée collective et même une large part de la critique a trop longtemps qualifié de « peintre paysan ».

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Rien ne pourrait paraître plus réducteur lorsque l’on sort de cette exposition ! C’est dans le cadre calme et apaisant du sous-sol du musée lillois que se tient depuis la mi-octobre la première rétrospective sur l’œuvre de Millet depuis celle qui s’était tenue à Paris, au Grand Palais en 1975 à l’occasion du centenaire de sa mort… Une première donc depuis près de plus de quarante ans ! A l’occasion de ce retour sur la scène culturelle, le Palais des Beaux-Arts s’est aussi attaché à replacer Millet dans un contexte plus large par le biais d’une double exposition, l’une consistant en une rétrospective de sa peinture pour en montrer les facettes multiples ; et une seconde intitulée « Millet USA » retraçant l’influence considérable qu’eut l’œuvre du peintre sur la photographie et le cinéma américains des XXe et XXIe siècles. De l’adaptation des Raisins de la colère (1940), par John Ford au film Interstellar (2014) de Christopher Nolan, en passant par les « portraits bruts » des photographes Mazy Panzer ou Walker Evans, cette exposition nous convainc de la dimension profondément humaine, universelle et intemporelle de l’œuvre de Millet. Celle-ci y trouve un écho aussi bien dans les « laissés pour compte » du New Deal que dans l’immensité panoramique des paysages des États-Unis.

Millet USA affiche     Photo 2

L’exposition « Jean-François Millet, Rétrospective », quant à elle, frappe par la richesse et le nombre des oeuvres présentées, car elle regroupe peintures, mais aussi eaux fortes, esquisses ou encore ouvrages littéraires de collections publiques et privées du monde entier. Chaque œuvre y a sa place pour démontrer la diversité mais aussi le caractère savant de la peinture de Millet, s’inspirant des frises du Parthénon ou encore de la peinture de genre hollandaise. En commençant par les œuvres de jeunesse du peintre, elle retrace de manière linéaire son œuvre, permettant au visiteur d’apprécier l’évolution de sa pensée et de son style et de s’en faire sa propre idée. L’exposition s’attache à nous montrer certaines productions méconnues du peintre tels que ses paysages, ses portraits paysans intimistes empreints d’influences bibliques, ou encore ses visions d’infinis qui touchent parfois à l’onirisme. Ce dernier point nous permet d’ailleurs de nuancer le raccourci limitant la production de Millet au réalisme et à un militantisme qu’il a toujours dénié. En outre, on aurait tort de retirer toute poésie à ce réalisme car le génie de Millet consiste aussi, par une observation rigoureuse de la nature, à insuffler beauté et charme à une scène qui en paraîtrait dépourvue.

Ce que met en lumière Millet, c’est le portrait de l’humain, du « franchement humain » ainsi qu’il l’a lui-même dit. L’humain, il le fusionne à la nature tant et si bien que les deux finissent par se confondre en un seul parfois en des scènes violentes et teintes par la souffrance comme le montre l’Homme à la houe ; mais d’autres fois aussi en des images paisibles, calmes où la nature protège l’homme et lui garantit la paix et la plénitude comme le montre cette Bergère dormant à l’ombre du buisson ou bien sûr le célébrissime Angelus du soir... En réalité, ce que nous donne à voir Millet, c’est une intimité profonde avec la nature, l’unité de l’homme avec cette dernière et le miroir qu’elle constitue de l’âme et des passions humaines. En fin de compte, ne pourrait-on pas voir dans l’art de Millet un portrait de l’homme, ses labeurs, ses joies, sa solitude, son amour ou sa nostalgie… via la nature ?

Angélus

Le débat reste ouvert, mais le regard panoramique que nous donne cette exposition met en exergue le fait que Millet chante un véritable hymne à la nature. Il plaide pour qu’elle et l’humain vivent en symbiose, pour rappeler le lien organique qui les unit, ce qu’il y a d’intrinsèquement naturel dans l’homme et de profondément humain dans la nature. C’est le message le plus actuel qu’aurait pu nous transmettre Millet en un temps comme le nôtre, ce qui fait de lui un artiste hors du temps et dont l’art est porteur de pensée et d’inspiration.

Mais ne nous étendons pas davantage sur les multiples qualités de ces expositions, on vous laisse les découvrir… Donc, si par hasard vous deviez passer par Lille, n’oubliez pas de vous rendre au Palais des Beaux-Arts. Vous pourrez aussi en profiter pour découvrir l’exposition permanente du musée d’une grande diversité allant de l’Antiquité au XXe siècle avec des œuvres de grands maîtres comme Donatello, Chardin, Goya, Claudel ou encore Picasso ! Amateurs d’art, qu’attendez-vous pour vous rendre à Lille ?

Expositions Jean-François Millet. Rétrospective et Millet USA jusqu’au 22 janvier 2018 au Palais des Beaux-Arts de Lille, Place de la République.
Ouvert le lundi de 14h à 18h et du mercredi au dimanche de 10h à 18h et jusque 20h le vendredi. Fermeture les mardis.
Entrée : 10 euros – 8/7 euros (réduit). Gratuit pour les étudiants en histoire de l’art.

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