La 14ème Biennale de Lyon – Mondes Flottants

Depuis le mois de septembre et jusqu’en janvier 2018, Lyon accueille sa 14ème Biennale d’art contemporain. Cette grande exposition regroupant des artistes de différents continents et pratiques artistiques prend place dans deux sites culturels de la ville. Plus précisément au MacLyon (6ème arr.) et à la Sucrière, située dans le quartier Confluence en pleine métamorphose (2ème arr.). En parallèle, la Biennale de Lyon propose d’autres rendez-vous ponctuels avec les expositions Veduta, Plateforme ou Rendez-vous.

L’édition de 2017 intitulée « Mondes Flottants » est le second chapitre d’une trilogie de Biennales lyonnaises qui s’organisent autour du mot – moderne –

Bien qu’ayant toujours le même directeur artistique, à savoir Thierry Raspail, depuis son apparition en 1991, la Biennale de Lyon a fait cette fois appel à Emma Lavigne, directrice du Pompidou-Metz en tant que commissaire invitée. Cette dernière a souhaité penser la Biennale au travers de six promenades dans la ville, ralliant les expositions secondaires aux deux principales du MacLyon et de la Sucrière, comme un voyage au sein d’un archipel d’îlots. Ici nous nous concentrerons sur quelques œuvres présentées au MacLyon et la Sucrière.

LE MUSÉE D’ART CONTEMPORAIN – Le MacLyon

Le MacLyon, situé aux abords du Parc de la Tête d’or et au sein de la Cité Internationale, déroule la biennale sur trois étages avec l’exposition de 44 œuvres.

Dès l’entrée dans l’édifice nous sommes confronté à une séries d’œuvres de Nam June Paik (Corée du Sud) témoignant des débuts de l’art électronique. Le dispositif composé de certaines de ces œuvres fondatrices propose en outre la présence de téléviseurs qui, sur leurs écrans présentent des images figuratives déformées par le public qui au son de sa voix et par le biais d’un micro relié à l’écran, influe sur les diodes de l’écran. C’est ainsi que serait né en 1963, l’art vidéo. 

Une fois au premier étage, le public est mis à contribution dans l’oeuvre de David Tudor (États-Unis) Rainforest V (variation 2), 2015. Dans un même espace, sont réunies diverses sculptures faites de toute sorte de matériaux auxquels sont accolés sur les parois, de petits amplificateurs jouant des bruits de nature ou d’animaux. En collant son oreille sur la sculpture, ou encore en entrant la tête à l’intérieur, le spectateur peut profiter du son émis par l’objet et qui, de loin, reste imperceptible. David-Tudor_Composers-Inside-Electronic_Rainforest

Vient ensuite l’oeuvre de Ján Mančuška, représentant de la création contemporaine tchèque, qui avec Oedipus (2006), choisit de nous présenter la narration de trois textes dont les lettres suspendues à des fils, traversent la pièce et nous font ainsi lire trois points de vue autour d’une même histoire.P_20171102_115355

Un nouvel hommage est présenté sur cet étage avec les photographies de Peter Moore associé à la scène performative New-yorkaise et au mouvement Fluxus. Ici une rétrospective en 37 photographies, présente de grands moments de la performance entre 1964 et 1978.

Peter Morre, 37 photos Maclyon

Enfin, Bataille 2017, spécialement créée pour la Biennale est présentée par Rivane Neuenschwander (Brésil). L’oeuvre offre des mots au public, issus de pancartes et banderoles de manifestations, cousus sur des étiquettes ressemblants à ceux des vêtements. Libre au public d’accrocher des mots au support mural inclus ou à se les accrocher à son tour sur ses propres vêtements.P_20171102_120315 

En poursuivant la visite au second étage nommé Archipel de la sensation, le visiteur est une nouvelle fois invité à faire corps avec l’oeuvre et dans ce cas précis avec celle d’Ernesto Netto (Brésil), aussi présent à la Biennale de Venise. Dans une installation qui compile quatre de ses sculptures, l’artiste invite le public à se plonger à l’intérieur de formes biomorphiques, à y déambuler, s’y asseoir ou prendre de la hauteur pour voir le dispositif d’en haut.P_20171102_123150_PN

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Au troisième étage de la biennale MacLyon, l’ambiance est toute autre puisqu’au grand espace lumineux, textile et biomorphe, fait suite un espace nous plongeant en partie dans l’obscurité éclairé à la lampe U.V. et fait d’angles et recoins à découvrir. Dans ce « cosmos intérieur », deux œuvres nous ont invité à la rêverie. La première œuvre, de Dominique Blaise (France), Phase of the moon, 2017 consiste en l’envoi quotidien par l’artiste à la Biennale d’une boule de verre représentant la phase de la lune le dit jour. Avec pour date de premier envoi le 6 septembre 2017, et le dernier le 5 octobre, le spectateur une fois le dispositif complet, peut admirer un cycle lunaire complet, d’une pleine lune à l’autre. P_20171102_125028

La seconde œuvre, polymorphe, présente une suspension entre apparitions (miroir où le visiteur se voit) et diffractions (l’autre face du miroir, qui sont en fait des haut-parleurs plats circulaires). Cette suspension émet donc un concert dans les airs et selon l’endroit où le visiteur se place, il peut avoir l’impression littérale que le son « sort » de lui. L’installation est signée de Cerith Wyn Evans (Angleterre), et intitulée A=P=P=A=R=I=T=I=O=N, 2008. 

LA SUCRIERE, les Docks – quartier Confluence

Sur ce second site qui accueille la Biennale de Lyon, le visiteur peut déambuler autour de 41 œuvres.

En arrivant dans ce bâtiment industriel adossé à deux silos, l’œil du spectateur est assez rapidement happé par la toile flottante de Haans Hack (Allemagne), White Wide Flow, 1967-2017. Occupant une grande partie de l’espace central et disposée à quelques centimètres du sol, la toile blanche grâce à quatre ventilateurs disposés à son extrémité, flotte et reproduit ainsi le mouvement de l’eau agitée par des remouswhite wide flow

Dans ce même espace, Marco Godinho (Portugal), tamponne sur les murs un cachet dont on peut lire Forever Immigrant, 2012. De format assez similaire aux tampons de l’administration et répétées des milliers de fois, les inscriptions qui se juxtaposent, nous renvoient à des idées telles que « le singulier » et le « collectif » ou la migration choisie ou subie comme ce qui pourrait être un état permanent des individus.GODINHO-Marco-Forever-Immigrant-détail-façade-2012-©Blaise-Adilon-1024x683

En poursuivant la visite, on rencontre l’installation de Susanna Fritscher (Autriche), Flügel, Klingel, 2017 qui, en lien avec l’architecture du lieu, sollicite nos sens. En disposant son installation composée d’hélices dans l’un des silos de l’ancienne Sucrière, l’artiste provoque différentes tonalités grâce à la vitesse et au mouvement donnés aux hélices qui tournent de plus en plus vite. L’invisible apparaît alors par le biais du son : l’architecture immatérielle du lieu et son jeu d’écho. 

Dans cette même idée de convoquer l’architecture comme élément vivant, l’installation de Doug Aitken (États-Unis), Sonic Fountain, 2013-2017, propose au visiteur d’apprécier l’oeuvre avec plusieurs de ses sens. Au sol, on retrouve une excavation remplie d’eau, tandis qu’au plafond, neuf robinets organisés en grille « gouttent » selon une partition écrite au préalable. Le visiteur assiste alors à un concert de gouttes d’eau dont l’architecture fait raisonner le son émit. P_20171103_112932

Enfin, concernant la Sucrière, nous retiendrons l’oeuvre de Philippe Quesne  (France) intitulée Welcome to Caveland ! 2017. Occupant une bonne partie de l’espace en mezzanine, la masse organique composée d’un tissu en plastique noir, appelle le visiteur à y entrer. En effet, un système de soufflerie à l’entrée du dispositif permet la mise en place d’un espace sombre pouvant accueillir plusieurs personnes, et diffusant divers sons, ou grondements ce qui nous oblige à nous concentrer sur la matière, les lumières, et le mouvement de la toile.

Article écrit par Amélie Pinero

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