
À la suite de leur cycle de conférences sur l’image dans le monde islamique qui s’est déroulé l’année dernière, l’Auditorium du Musée du Louvre a décidé de faire un focus sur la représentation des personnages dans les arts de l’Islam pour cette nouvelle session. Ce cycle se constituant de trois conférences a commencé vendredi dernier et, cette année encore, les élèves de la spécialité Arts de l’Islam de l’Ecole du Louvre accueillent les visiteurs dans le département consacré à ces arts. Des médiations commençant après la conférence du jour et se terminant aux alentours de 21h15 permettent d’avoir une approche globale du département avec quelques points plus précis et plus ludiques pour oublier le côté théorique d’un amphithéâtre et ainsi être au plus près de l’oeuvre. Nombreux étaient les curieux, passionnés ou visiteurs de passage qui se sont regroupés autour des élèves de la spécialité Arts de l’Islam de l’Ecole du Louvre. Aussi bien en première qu’en deuxième ou troisième année, chacun présentait à sa manière une oeuvre spécifique pour permettre de comprendre un peu mieux cet univers si large et complexe. Il fallait donc se faire petit pour pouvoir écouter ces voix savantes et surtout voir les vitrines.
Manon ouvre ce bal qui pourrait avoir comme thématique le monde du luxe. En effet, les objets présentés font parties de l’univers de la haute société quelle que soit la culture à laquelle ils appartiennent. C’est donc un penchant de la métallurgie qui est abordé par cette élève en troisième année. Ces brûle-parfums proviennent du Khorasan et datent du XIe siècle. La technique est bien sûre expliquée pour mieux comprendre en quoi ces objets appartiennent à monde du luxe mais il y a aussi tout un côté zoologique qui est analysé. Facilement, on reconnait qu’une de ces pièces représente un faucon, mais l’autre, est-ce un lynx ? Armée de photographies comme preuves, Manon livre sa théorie. Mais, le plus ludique reste à venir par les quelques pochettes qu’elle ouvre délicatement et fait passer entre les mains et nez des auditeurs. Elles contiennent de l’encens solide tel celui qu’il était possible de trouver à l’époque. La consistance mais aussi la manière dont il est utilisé sont expliquées mais sans test dans les salles bien sûr ! L’odorat ainsi sollicité, l’imagination travaille pour faire sortir des volutes de fumée des ces pièces désormais de musée.
En descendant l’escalier menant au second espace du département, il est possible de trouver Léna s’animant devant deux pages de Siyar-i Nabi. Les arts du livre sont importants d’un point de vue de l’iconographie et de la représentation figurative, thématiques du cycle de conférences. C’est donc l’Histoire qui est mise ici en avant, comprendre le pourquoi de la présence de ces divers personnages et leurs actions. Sont notamment abordés la première bataille à laquelle Dieu a donné son soutien et l’épisode du Miracle des Abeilles. Le mystère de la présence d’un essaim et deux abeilles seules sur le côté est enfin levé. Sont aussi décrits les codes et caractéristiques de cet art si luxueux et accessible qu’à peu de personnes. C’est donc tout un contexte qui est abordé, aussi bien littéraire que religieux ou social. Ces explications permettent de mettre en avant ces pièces rarement exposées et qui changent régulièrement.
Un autre art est abordé par Sirine qui présente un poignard à tête de cheval de l’Inde Moghole et plus précisément du XVIIe siècle. Avec son grand sourire, elle introduit son propos par une courte histoire du département des arts de l’Islam du Louvre avant d’entamer l’aspect technique et la forme choisie. Car c’est tout un programme par les matériaux qui le composent : jade, rubis, émeraudes, or et acier. Des comparaisons avec la littérature sont aussi possibles car il y avait un grand intérêt pour la représentation animalière dans ce domaine. Les arts sont alors liés et permettent de mieux comprendre cette époque révolue. Des comparaisons avec d’autres oeuvres présentent dans les salles permettent au visiteur de s’orienter à la fin du propos et de mieux appréhender cet espace muséal qui peut sembler difficile au premier abord.
Le parcours peut se terminer avec Sarah qui présente le panneau à scène de jardin provenant d’Ispahan. Chaque personnage est décrypté mais surtout remis en contexte. Cette fois-ci, c’est le domaine du décor architectural qui est touché mais on a encore la présence du luxe. Cette production est aussi particulière que sa technique plaçant l’objet dans l’art de la céramique. Mais, ce qui est intéressant est la manière dont cette oeuvre est arrivée au Musée du Louvre, des aventures post création que ses commanditaires n’auraient pu imaginer. C’est donc un aspect muséographique qui vient compléter cette médiation et la rendre particulière.