
Le premier week-end de juin, le festival BD6Né a tenu sa 6e édition. Malgré quelques soucis de dernière minute, problèmes d’hébergement, d’informatique, présence d’un auteur non confirmée une semaine avant, l’équipe a gardé le sourire et montré que les liens entre bande dessinée et cinéma étaient nombreux. De quoi donner envie de revenir l’année prochaine !
Des rencontres enrichissantes
Le samedi, dans la salle audiovisuelle les rencontres avec les auteurs se sont déroulées dans une ambiance intime et conviviale, alors que dans l’auditorium l’atmosphère se rapprochait de celle des conférences de plus grands festivals.

Problème technique pendant la rencontre avec Pochep : DVD rejetés par le lecteur, projecteur qui s’arrête, ordinateur qui se met en veille… Mais l’auteur de Vieille peau ne s’est pas décontenancé pour autant. Ce grand défenseur des droits des homosexuels est revenu sur son parcours, ses influences et ses projets à venir.

Hugues Micol a encore prouvé sa facilité à s’exprimer devant un public, faisant naître des rires dans la salle. Il faut dire que l’intervenante qui encadrait la discussion connaissait son sujet et posait de bonnes questions. Les caprices informatiques réglés, des planches choisies de Scalp et du Chien dans la vallée de Chambara ont pu être projetés.

Pas de chance pour Sylvie Fontaine, sa rencontre tombait en même temps qu’un moment phare de cette édition. A 16h dans l’auditorium, c’était la séance spéciale François Boucq, en sa présence. Grand Prix de la Bande Dessinée d’Angoulême, c’est un incontournable de la bande dessinée très convoité par les festivals consacrés à cet art. C’est une chance d’avoir pu obtenir qu’il vienne. Le documentaire La Journée a été diffusé, en la présence de son réalisateur Avril Tembouret, qui a filmé Boucq réaliser une prouesse artistique : dessiner une planche entière de Bouncer en un jour. Il s’est ensuivi une discussion sur le rapport du dessinateur aux autres et à son corps, qui a eu un vif succès auprès du public attentif.
Un festival tout public
Ce festival a pour ambition de faire se rencontrer des publics différents, alors il y en avait pour tous les âges et tous les goûts.
Au niveau des invités, l’auteur-phare qu’est François Boucq côtoyait des auteurs plus confidentiels, et Sylvie Fontaine n’est pas de la même génération qu’Hugues Micol, par exemple. Leurs profils et styles divers ont apporté de la richesse au programme, plutôt que de miser uniquement sur des auteurs à succès peu différents les uns des autres.

Le dimanche, le festival était divisé en deux : une partie à la médiathèque Marguerite Duras dans le 20e arrondissement de Paris et l’autre à Petit Bain sur les quais de Seine du 13e arrondissement. La partie médiathèque était jeune public, et a proposé aux touts petits comme à ceux qui ont gardé leur âme d’enfant une projection de courts-métrages et un spectacle de marionnettes inspiré de la BD du Grand Méchant Renard. Les réalisateurs de Wakhan, un des dix films sélectionnés, ont pris la parole pour présenter leur film avant le début de la séance. Si le beau temps a fait craindre aux organisateurs que les parents boudent des spectacles à huis clos, le public était au rendez-vous.

A Petit Bain se trouvait un village BD avec l’exposition Le cinéma français c’est de la merde (ou pas), qui présente des affiches de grands films français revisitées par des auteurs de BD et par des artistes contemporains. Le soir, trois concerts ont eu lieu, donnés par les groupes WE INSIST!, An Albatross et F/lore. Le moment central de la soirée a été le concert dessinée orchestré par Céline Wagner et F/lore, un grand moment de poésie.
Un choix cornélien pour les prix
Les membres du Jury, issus des univers de la Bande Dessinée et du Cinéma, Liam Engle, Sylvie Fontaine, Hugues Micol, Pochep, Jessica Rispal et Céline Wagner, ont longuement débattu. Si leur prix a été décerné à 5 ans après la guerre de Samuel Albaric, Martin Wiklund et Ulysse Lefort (voir bande annonce), ils n’ont pas réussi à se mettre d’accord pour l’attribution de la mention spéciale.
Du côté du public, le prix du meilleur court-métrage a été alloué à La Mort, Père et Fils, de Denis Walgenwitz et Winshluss (voir extrait), alors que le magazine 7BD a attribué son prix à No Offense de Kris Borghs (voir trailer), qui aborde les thématiques du dessin de presse et de la liberté d’expression.
Pour notre part, le choix a été compliqué entre Quand j’ai remplacé Camille de Rémy Clarke, Leïla Courtillon et Nathan Otaño (visionnable ici), et Hors saison, de Nicolas Capitaine, Céline Desoutter, Lucas Durkheim et Léni Marotte (visionnable ici). Le second aura finalement eu notre préférence, pour sa patte graphique presque vidéoludique (on pense à This is the Police et à Firewatch), son univers soigné et sa violence sauvage. Nous vous invitons à vous faire votre propre avis !
