
Pour leur trentième édition, le Grand Palais accueille la célèbre Biennale des Antiquaires présidée par Monsieur Christopher Forbes (président de la Commission Biennale) et par Monsieur Mathias Ary Jan (président du SNA, Syndicat National des Antiquaires), sous le haut patronage du président de la République, Monsieur Emmanuel Macron. La Biennale se déroule du 8 au 16 septembre 2018, et propose, cette année, un tournant dans son histoire et dans son importance. Elle défend sa singularité toute neuve en : « limitant le nombre de galeries présentes afin de leur offrir des espaces plus importants permettant d’exposer davantage de meubles, tableaux et objets d’exception, et privilégier de magnifiques décors » (Mathias Ary Jan, président du Syndicat National des Antiquaires).
L’année 2018, pour la Biennale, résonne comme un renouvellement intérieur et extérieur avec une ouverture plus grande. Réputée depuis longtemps comme un « entre-soi » élitiste réservé aux collectionneurs et aux artistes, le SNA tente cette année de rajeunir l’image de cette vieille institution et ouvre, pour la première fois, la Biennale à un public plus large pendant les Journées du Patrimoine.
La scénographie est signée cette année par Jean-Charles de Castelbajac, prestigieux créateur de mode, artiste et designer, qui a imaginé une mise en scène « répondant à la commande du chargé de communication de Napoléon ». Ce dernier lui aurait demandé de créer une installation autour de l’histoire de la maison de l’Empereur, un « flagship » et un logo pour inscrire les trésors de son Empire dans la modernité. Pour ce faire, il s’est inspiré des camps de toile et des étendards de l’Empire pour créer le « carrousel céleste » : cette installation à la verticale part du dôme du Grand Palais pour s’évaporer en vaporeux voiles de couleur « pastelbajac ». Le logo est un « n » blanc dont la ligne se termine par une étoile.

Pour Jean-Charles de Castelbajac, la Biennale est un « cabinet de curiosité » qu’il met en scène avec le « pop up store » dans lequel sont entreposées les reliques napoléoniennes de Pierre-Jean Chalençon. Il voit le Grand Palais comme un écrin d’exception pour exposer la magnificence de l’art français, un écrin chargé d’histoire, d’exigences et de qualités tout en essayant, cette année de mettre en avant de nouvelles (ou plus jeunes) galeries. Ces galeries plus jeunes tournées vers l’art contemporain s’intègrent avec les habituels exposants et trouvent leur place grâce à la scénographie légère et le choix des couleurs pastels de J.-C. de Castelbajac. Un renouveau se ressent autant dans la présentation que dans la variété des propositions.
Le collectionneur mis en avant cette année, Pierre-Jean Chalençon, porte le surnom d’ « Empereur » dont il a hérité à Drouot et chez Christie’s, et joue de son apparence. Il exhibe fièrement à son doigt l’anneau du sacre et à son cou le cachet du roi Jérôme, plus jeune frère de Napoléon. Pour lui, la Biennale est l’occasion de la rencontre entre le néo-classicisme et l’art contemporain, puisque son travail de collectionneur s’articule autour de l’idée et de sa volonté de faire revivre les objets anciens et de les remettre au goût du jour.
La scénographie s’articule autour d’une place centrale sur laquelle s’ouvrent les deux allées menant aux 62 stands et galeries. L’exposition « L’Empereur sous la verrière » est au centre de la place, sous l’installation du « carrousel céleste ». Un espace paddock accueille le Lounge VIP Ruinart au pied de l’escalier d’Honneur et trois espaces de restauration sont aménagés pour les visiteurs ; deux à chaque extrémité de la nef et un dans le promenoir du paddock.

La Biennale est un rendez-vous international mais également l’expression du rayonnement français et parisien. Elle propose un tiers de galeries étrangères mais est avant tout une vitrine de galeries françaises : cette importance nationale lui donne sa singularité vis-à-vis d’autres salons en Europe. Par ailleurs, la Biennale Paris n’a jamais été pensée comme une foire commerciale mais avant tout comme une grande manifestation culturelle française.
Ses présidents insistent beaucoup sur la qualité et les exigences mises en œuvre lors de cette manifestation artistique aujourd’hui considérée comme faisant partie du patrimoine culturel français. Cette distinction, vis à vis des autres foires et salons d’antiquaires, se traduit par une action importante de la Commission d’Admission des Œuvres (la CAO) mise en œuvre par Frédéric Castaing (président de la Compagnie Nationale des Experts) et Michel Maket (président du Syndicat français des experts professionnels en œuvres d’art et objets de collection). Cette commission offre des « garanties de sérieux et d’objectivité dont les exposants comme les visiteurs ont absolument besoin », et est aussi le témoignage d’une concurrence plus rude cette année avec la création, par l’ancien président du SNA Christian Deydier, de la Biennale des arts d’exception intitulée « Sublime ». Sublime devrait se tenir du 14 au 21 octobre et ambitionne de devenir la nouvelle Biennale parisienne, ne laissant pas à celle du Grand Palais d’autre choix que de se renouveler et de tenter de rester, pour les grands collectionneurs, l’événement incontournable de la rentrée avec des propositions plus intéressantes.

Finalement, la Biennale Paris de cette année s’articule autour de deux axes de réflexion : d’une part, via le Grand Palais, comme lieu parisien emblématique et intrinsèquement lié à l’Histoire de la Biennale : le dôme étant remis à l’honneur par l’installation de Jean-Charles de Castelbajac. D’autre part, par la sélection d’objets et d’œuvres illustrant la diversité, la richesse et l’originalité de l’événement. Les mouvements culturels, expressions artistiques et époques s’y rencontrent ne cessant d’émerveiller grands collectionneurs et public amateur.
Marion Berrebi
Camille Bacou