
Le ciné-club de l’École du Louvre vous propose ce mercredi 26 septembre une séance particulière en collaboration avec le nouveau club LGBTQIA+ de l’école, Mauvais genre(s). A cette occasion nous vous livrons ici une analyse du film qui sera projeté : Laurence Anyways, du désormais bien célèbre Xavier Dolan, parut en 2012 et nommé au César du meilleur film étranger.
Ce film soulève des questions d’identités sexuelles et de genre, dans une logique qui, si elle n’est pas ouvertement militante, se veut « progressiste » sur une question spécifique : celle des personnes transgenres.
Melvil Poupaud y interprète Laurence, un professeur de lettre dans les années 90, qui va avouer à sa femme Fred (interprétée par Suzanne Clément) qu’elle est en réalité une femme, et se sent en décalage avec son sexe et le genre qui lui a été attribué lors de sa naissance. Ce film parcourt les épreuves de ce couple sur dix ans, passant par la compréhension de Fred, la confrontation à la famille, aux élèves et à tout l’environnement social de Laurence, qui va progressivement s’approprier les codes du genre féminin. Ce film retrace avec une belle profondeur psychologique le combat de cette femme dans une société encore en lourd décalage.
Si le film exprime donc une volonté globale d’acceptation des transgenres dans nos sociétés actuelles, il n’a pas été accueilli uniformément dans les milieux LGBTQIA+. Et cela déjà par la conception de Dolan de sa propre réalisation : le réalisateur a en effet l’habitude, et ce depuis ses premiers films, de considérer ses créations comme œuvres d’art entières, et de se voir lui-même comme un artiste. Cette réalisation se place dans la juste lignée de J’ai tué ma mère (2009), ou des Amours imaginaires (2010), des films esthétiques où la poésie part du scénario, en passant par la photographie et l’image.
Cette démarche « artificatrice » du cinéma rentre selon Dolan en contradiction avec la démarche militante : il ne veut pas faire de politique. Le réalisateur ira même jusqu’à refuser des prix de festivals queer, ainsi que la fameuse Queer Palm de Cannes, des prix qui participent selon lui à une démarche de ghettoïsation, une position largement critiquée par les communautés Queer. Le film se place en effet, comme à l’habitude du réalisateur, dans une perspective très psychologique, parfois remise en question par les personnes transgenres elles-mêmes, qui eurent du mal à s’y identifier, et cela même par le choix de l’acteur, un homme hétéro cisgenre.