Croquez la pomme au Louvre-Lens

« La réduction de l’univers à un seul être, la dilatation d’un seul être jusqu’à Dieu, voilà l’amour. » Victor Hugo

Cet automne, le musée du Louvre-Lens réchauffe les Hauts-de-France par une exposition tout en douceur et parfois en chaleur. « Amour, une histoire des manières d’aimer » se veut être tendresse et art mais aussi mettre en avant et décrypter ce sentiment qui brûle dans les coeurs des petits et des grands.

Chapitre I

Une thématique large et accessible

Les petits plaisirs – le grand public – jeux d’enfants

IMG-4807.JPGLa thématique de l’amour n’est pas surprenante pour le musée du Louvre-Lens. En effet, ils avaient réalisé en 2015 l’exposition « Dansez, embrassez qui vous voulez » qui avait été un bon succès. Cette fois-ci, le thème de l’amour a un sens encore plus ouvert et ce pour un plus large public. Chacun a pu éprouver ce sentiment ne serait-ce qu’une fois dans sa vie, envers une personne ou simplement un dessert de grand-mère. Il permet donc une entrée compréhensible par tous pour introduire les notions d’art qui elles, ne le sont pas. En effet, le panorama présenté est large : de l’Antiquité à nos jours. En plus d’avoir à surpasser la difficulté d’exprimer clairement cette période chronologique immense par un choix d’oeuvres restreint, il ne faut pas perdre le visiteur et lui permettre de comprendre pourquoi un tel corpus d’oeuvres est présenté en un même lieu. Cette démocratisation de l’art est récurrente dans les choix du Louvre-Lens [lire l’article sur l’exposition RC Louvre] et permet d’avoir un musée pour tous, un musée sans frontière intellectuelle. Ce n’est pas une vulgarisation pouvant tourner les choses dans un sens stupide voire ridicule, non, le propos reste précis et structuré. On peut peut-être reconnaitre le côté pédagogue de Dominique de Font-Reaulx qui, en plus d’être la directrice du musée Eugene Delacroix de Paris, est professeure à Sciences Po Paris.

La thématique de l’amour n’est pas surprenante pour le musée du Louvre-Lens. En effet, ils avaient réalisé en 2015 l’exposition « Dansez, embrassez qui vous voulez » qui avait été un bon succès. Cette fois-ci, le thème de l’amour a un sens encore plus ouvert et ce pour un plus large public. Chacun a pu éprouver ce sentiment ne serait-ce qu’une fois dans sa vie, envers une personne ou simplement un dessert de grand-mère. Il permet donc une entrée compréhensible par tous pour introduire les notions d’art qui elles, ne le sont pas. En effet, le panorama présenté est large : de l’Antiquité à nos jours. En plus d’avoir à surpasser la difficulté d’exprimer clairement cette période chronologique immense par un choix d’oeuvres restreint, il ne faut pas perdre le visiteur et lui permettre de comprendre pourquoi un tel corpus d’oeuvres est présenté en un même lieu. Cette démocratisation de l’art est récurrente dans les choix du Louvre-Lens [lire l’article sur l’exposition RC Louvre] et permet d’avoir un musée pour tous, un musée sans frontière intellectuelle. Ce n’est pas une vulgarisation pouvant tourner les choses dans un sens stupide voire ridicule, non, le propos reste précis et structuré. On peut peut-être reconnaitre le côté pédagogue de Dominique de Font-Reaulx qui, en plus d’être la directrice du musée Eugene Delacroix de Paris, est professeure à Sciences Po Paris.

Le propos est aussi bien documenté pour les enfants qui ont des cartels spéciaux. Des mythes sont expliqués, autant que des événements historiques ou encore des objets. Le tout se présente dans une volonté de jeu de piste avec la thématique des couples qui est à suivre tout au long du parcours. En plus d’avoir un thème compréhensible pour les enfants, ils ne sont pas oubliés au sein des salles. Car, en effet, le public que cette exposition souhaite accueillir se compose principalement de familles.

Chapitre II

Une scénographie simple et dans l’air du temps

Un livre ouvert – Menu équilibré – Danse de sentiments – Libertinage caché

IMG-4834Cette exposition se divise comme un livre. En effet, la volonté scénographique est de raconter un conte d’amour à la manière du XIXe siècle. Les parties sont nommées par chapitres dont les titres évoquent les étapes successives d’une relation amoureuse : la séduction, l’adoration et la passion pour ne citer que les trois premiers. Ces chapitres sont divisés en sous-sections dont les exergues donnent le ton. C’est tout un univers qui se crée au sein de cette surface modulable [Lire l’article sur l’exposition L’histoire commence en Mésopotamie].

Cette disposition est reprise dans le livret de visite qui se compose comme un réel petit ouvrage : de la couleur crème, des citations dont la typographie rappelle la calligraphie, la mise en contexte bien expliquée et des photographies des oeuvres de très bonne qualité pour permettre de se replonger en quelques secondes dans les parties précédentes. Le plan, au dos, permet de mieux se repérer dans les nombreuses salles mais l’aide est aussi présente par les couleurs des murs. En effet, elles permettent de s’y reconnaitre visuellement en un instant, un moyen aussi pour ne pas confondre les oeuvres dans leur placement. On associe chaque oeuvre à une partie de l’exposition et ainsi on peut se recréer visuellement le schéma principal. Un excellent moyen pour garder un rythme parmi les sept chapitres présentés qui prennent entre deux et trois heures à être arpentés.IMG-4835

 

Les parties ne sont cependant pas trop longues et l’agencement permet de ne pas s’y perdre. On suit ce fil, tel les lignes d’un roman. Les oeuvres sont savamment choisies et reprennent la plupart des médiums disponibles dans le monde de l’art. Mais, petite note négative pour la place des cartels. En effet, beaucoup d’entre-eux sont posés à même le sol créant alors des soucis de visibilité et n’arrangeant pas non plus les problèmes de dos de certains visiteurs. Ce souci persiste depuis de nombreuses années dans de multiples expositions permanentes ou temporaires. La prochaine étape dans l’évolution de la scénographie serait alors de remédier à ce problème avec une réponse valable dans la durée. L’autre petit bémol est le nombre de bancs : il y a peu d’espaces pour s’asseoir et il est important de faire des pauses pour laisser murir le propos dans son esprit tout en faisant reposer ses yeux et cerveau. Quelques-uns sont disposés mais, hélas, pas assez. On retrouve alors des visiteurs sur ceux destinés aux vidéos et extraits cinématographiques présentés mais aucune attention ne leur est attribuée. Ce qui est en ce sens dommage car certaines salles mériteraient deux ou trois places assises afin de mieux pouvoir les contempler dans leur ensemble ; les oeuvres se répondant les unes aux autres chantent une belle mélodie.

IMG-4833Au niveau de la signalétique et des cartels, celle-ci est particulièrement attentionnée. Les cartels sont souvent développés et délivrent de précieuses informations. Mais la partie sur le libertinage, qui peut sembler sensible pour les jeunes visiteurs qu’accueille le musée, est bien signalée autant par des panneaux que des dispositifs. Les ouvrages érotiques, pornographiques, qui étaient à l’honneur en 2007 lors de l’exposition « L’Enfer de la Bibliothèque : Éros au secret » à la Bibliothèque Nationale de France à Paris sont méticuleusement cachés à hauteur d’adultes sous des panneaux de bois à soulever. L’ambiance de l’espace est confiné, des rideaux de velours ou encore des bandes vides dans le mur à hauteur des yeux pour être le voyeur sur les autres visiteurs un peu plus avancés dans la salle. C’est un libertinage un peu cliché sur le XVIIIe siècle qui est présenté avec des oeuvres de Fragonard et de Boucher. On se sent espion et espionné, un espace clos pour les plaisirs acceptés ou non de la société.

Au niveau de la signalétique et des cartels, celle-ci est particulièrement attentionnée. Les cartels sont souvent développés et délivrent de précieuses informations. Mais la partie sur le libertinage, qui peut sembler sensible pour les jeunes visiteurs qu’accueille le musée, est bien signalée autant par des panneaux que des dispositifs. Les ouvrages érotiques, pornographiques, qui étaient à l’honneur en 2007 lors de l’exposition « L’Enfer de la Bibliothèque : Éros au secret » à la Bibliothèque Nationale de France à Paris sont méticuleusement cachés à hauteur d’adultes sous des panneaux de bois à soulever. L’ambiance de l’espace est confiné, des rideaux de velours ou encore des bandes vides dans le mur à hauteur des yeux pour être le voyeur sur les autres visiteurs un peu plus avancés dans la salle. C’est un libertinage un peu cliché sur le XVIIIe siècle qui est présenté avec des oeuvres de Fragonard et de Boucher. On se sent espion et espionné, un espace clos pour les plaisirs acceptés ou non de la société.

Chapitre III

Un choix d’oeuvres divers et varié

Commissariat remarquable – Domaines variés – Chefs-d’oeuvre exposés

Ce corpus d’oeuvres est varié, présentant aussi bien des chefs-d’oeuvre du Musée du Louvre que de l’Ashmolean Museum d’Oxford. Mais, ce qui fait la richesse du propos, est la diversité des éléments. Il y a autant des objets archéologiques que des pièces de mode, des objets du domaine des Arts et Traditions Populaires mais aussi, bien sûr, des peintures et des sculptures. Ils sont tous savamment mélangés, se répondant les uns aux autres dans une douce harmonie. Cela permet de mettre en avant le patrimoine que renferment les musées de région en France, une des volontés qu’entretient le musée notamment dans son espace d’exposition du Pavillon de Verre [Lire l’article sur l’exposition Miroirs].

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Atelier parisien d’après Gauthier de Campes, Détail de la Tenture de la vie de la Vierge : L’Annonciation, 1515-1530, Palais du Tau à Reims
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Saladier au décor de l’arbre de l’amour, faïence de Nevers, vers 1798, MuCEM

Mais, on reconnait surtout la patte des deux commissaires d’exposition : Dominique de Font-Reaulx et Zeev Gourarier, directeur scientifique et des collections du MuCEM à Marseille. Un accent est mis sur les arts du XIXe siècle et le domaine des Arts et Traditions Populaires est très bien représenté et expliqué. Ce mariage permet de démontrer que l’art a un sens large et que l’amour y prend toujours place. Tel est le cas du Saladier au décor de l’arbre de l’amour en faïence de Nevers et daté vers 1798. On peut plonger dans le quotidien des bals du Second Empire avec des carnets de bal et autres accessoires tout en imaginant les aventures menant au mariage comme le montre une robe de mariée aussi présentée. Le schéma de l’histoire se retrouve donc autant dans la scénographie que dans les oeuvres.

Parmi les chefs-d’oeuvre exposés, on compte notamment George Sand habillée en homme par Eugène Delacroix (vers 1834 et conservé au musée Eugène Delacroix de Paris), La mort d’Hyacinthe par Jean Broc (vers 1801 et conservé au musée de Poitiers), Le Verrou de Jean-Honoré Fragonard (vers 1777, Musée du Louvre) ou encore La Valse de Camille Claudel (vers 1883-1901, musée Camille Claudel de Nogent-sur-Marne). Avoir ces oeuvres rassemblées ensemble permet de leur donner une nouvelle vision, une nouvelle manière de les appréhender. On retrouve par l’oeuvre de Broc un thème tiré de l’Antiquité, période représentée dans la première salle. Pour les connaisseurs, les liens seront à faire entre toutes ces salles pour mieux comprendre la subjectivité et ces choix de placement très spécifiques. Pour le néophyte, la balade sera agréable et amènera à comprendre l’art dans sa globalité tout en faisant face à des noms importants de chaque période. C’est un nouveau musée de l’amour que nous propose le Louvre-Lens.

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Épilogue

C’est donc une des plus belles expositions que le musée du Louvre-Lens a pu présenter depuis son ouverture. Son choix du thème permet de lui donner de la modernité, choix aussi présent dans la scénographie choisie que les produits dérivés de la librairie-boutique. C’est un évènement dont le souhait principal est de toucher le public, le rendre plus proche de ce lieu qu’est le musée. Sont alors présentées des oeuvres emblématiques de l’Histoire de l’Art mais aussi d’autres moins connues qui ne demandaient qu’à sortir des réserves. Le commissariat relève aussi d’un savant mélange des connaissances regroupant Paris et le sud de la France dans un espace d’exposition aux mille transformations dans le Nord. Le musée veut être une attraction culturelle de la région et propose en lien avec cette exposition de nombreux évènements comme des lectures et conférences.

« L’amour c’est l’éternité d’une vie à deux » – George Sand

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