Un dimanche à Peterhof

Pour les parisiens il y a Versailles, pour les peterbourgeois il y Peterhof. Joyaux délicatement posé sur le Golfe de Finlande, son parc respire la nature et ses nombreux bâtiments accompagnés du palais le peuplant ont une saveur de bonbon rose du XVIIIe siècle. Il faudrait un week-end entier pour profiter pleinement de cet espace : visiter le palais à son rythme, pique-niquer sur la petite plage, se promener dans les différents parcs… Petite visite en photographique argentique de ce lieu aux multiples saveurs.

Le palais

L’origine de Peterhof remonte au début du XVIIIe siècle et à Pierre le Grand. Un des buts premiers de ce grand complexe était de glorifier les victoires russes sur la Suède durant la Guerre du Nord mais aussi se placer parmi les plus grandes résidences européennes. La cérémonie officielle d’ouverture du lieu fût célébrée en août 1723.

La construction du palais supérieur fût entreprise à partir de 1714 par l’architecte Braunstein mais, plusieurs personnes lui succédèrent tout au long des décennies. C’est sous le règne d’Elizabeth Ière que le lieu se transforma complètement avec l’aide de l’architecte Francesco Rastrelli, lui donnant notamment cette taille monumentale. Cependant, l’aspect aujourd’hui connu date du XIXe siècle avec l’architecte Andrei Stakenschneider.

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La Seconde Guerre Mondiale a fait de très nombreux dégâts, tant dans les palais que les jardins. Les restaurations effectuées ont permis de redonner le plus de précieux et de grandeur possible.

La Grande Cascade

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Façade du palais et Grande cascade

Devant la façade du palais, mesurant plus de trois cents mètres de long, se tient une grande cascade de 300m² qui suit la pente naturelle du sol. Les cascades ont toujours eu un rôle majeur au sein de Peterhof. En 1720, Pierre le Grand décida de créer un système hydraulique pour permettre leur fonctionnement. Il confia la tâche à l’ingénieur Vassili Touvolkov.

La Grande Cascade comporte quatre-vingts fontaines et deux cent cinquante éléments décoratifs. On retrouve des thèmes issus de la mythologie antique gréco-romaine avec Persée, Mercure ou encore Pandore. La fontaine centrale, visible sur la photographie suivante au premier plan, est appelée « fontaine de Samson ». Installée en 1735 par la volonté d’Anna Ivanovna, elle reprend les modèles de Rastrelli, notamment pour le lion. Mais, derrière ce choix iconographique se cache un événement majeur. Lors de la Guerre du Nord, la Russie gagna la bataille de Poltava qui l’opposait à la Suède. Cela eut lieu le 27 juin 1709, jour de la saint Samson l’Hospitalier. On trouve donc ici une allégorie de la victoire par Samson tuant le lion en lui écartant la gueule d’une force inouïe.

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Fontaine de Samson

La cascade comporte également des grottes artificielles qui ont été aménagées sous Pierre Ier. Tapissées de tuf et de coquillages, le décor est dans la continuité de celui présent à l’extérieur.

Le parc inférieur

Peterhof comporte plusieurs parcs dont celui dit « inférieur » qui se présente sur le devant du palais principal. D’une superficie supérieure à cent hectares, il abrite d’autres palais mais aussi trois cascades et cent-cinquante fontaines plus extravagantes les unes que les autres. Il fût aménagé par un jardinier Hollandais nommé Leonard van Harnigfelt.

La fontaine du Soleil

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Fontaine du Soleil

Cette fontaine est le projet de Velten. Il s’agit d’un disque doré avec cent quatre-vingt-sept orifices d’où sortent des jets d’eau, rappelant alors les rayons du soleil, et entouré de seize dauphins. À l’origine, l’espace n’avait pas cet aspect. Il a d’abord été l’étang de la ménagerie avant d’être changé, en 1772, en piscine pour la famille impériale par l’architecte Yakovlev.

La Cascade de la Montagne de l’Échiquier

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Cascade de la Montagne de l’échiquier

Le nom de cette cascade vient de la couleur des carreaux qui la composent, rappelant le plateau d’un jeu d’échecs. Le terme de montagne vient de la hauteur de seize mètres. Ce projet, initialement appelé « Montagne des Dragons », a été pensé par Zemtsov dans les années 1730. Au sommet, une grotte gardée par des dragons crachent des flots d’eau. Les statues blanches qui l’entourent sont en marbre et représentent des personnages de la mythologie antique.

Au bas de cette Montagne de l’Echiquier, se trouvent deux fontaine dites « romaines ». Elles ont été réalisées en 1739, selon un projet de Blank et Davydov. Leur nom vient de la ressemblance qu’elles ont avec celles de la place de la Basilique Saint-Pierre au Vatican. Aujourd’hui, elles sont en marbre et bronze doré mais auparavant elles étaient en bois et plomb.

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Fontaine romaine au-bas de la Montagne de l’échiquier

Les volières

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Volière

Placées dans la zone orientale du parc inférieur, elles font partie du jardin de la Ménagerie mais datent seulement de 1723. Les fresques intérieures réalisées par le Français Louis Caravaque (1684-1754) ont survécu au temps et aux oiseaux chanteurs qui y habitaient. L’extérieur étonne par les murs recouverts de tuf et de coquillages dans un jeu de bichromie qui se marie avec le décor environnant. Aujourd’hui encore, les volatiles continuent de chanter et habitent ces lieux.

Le palais de Monplaisir

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Palais de Montplaisir

Ce palais au nom français était le préféré de Pierre le Grand, donnant directement sur les rives de la mer Baltique. Il en dessina lui-même les plans, autant pour le jardin que le bâtiment. La partie centrale fût terminée en 1716 mais les galeries et pavillons ont été ajoutés quelques temps plus tard. À l’intérieur, le visiteur découvre des fresques réalisées par le peintre Philippe Pillement, mais aussi des panneaux laqués, de la céramique ou encore du marbre. Il s’agit peut-être de la première galerie de peintures en Russie : il s’agit du lieu où le tsar conservait sa collection de peintures européennes.

Le jardin entourant le petit palais comporte cinq fontaines dont l’ornementation a aussi été choisie par Pierre le Grand et des « fontaines-cloches » sur les plans de Michetti. Ce sont des fontaines dont l’eau s’écoule du socle d’une sculpture, retombant alors directement et donnant un aspect de cloche. La thématique choisie prend encore source dans la mythologie antique gréco-romaine, comme Psychée que l’on peut voir sur la précédente photographie et dont le pendant est Bacchus. On peut donc comprendre que les travaux ont pris du temps à se faire par le canon de ces sculptures. Celui de Psychée reprend les oeuvres de Canova, artiste de la fin du XVIIIe et début du XIXe siècle.

Petits conseils de visite

Si vous visitez le château l’été, vous serez entourés de touristes. Pour mieux vous préparer, voici quelques petits conseils pratiques.F1250017

Le moyen le plus rapide et simple pour vous y rendre est de prendre l’hydroglisseur. Plusieurs compagnies proposent ce moyen de transport dont une à deux pas du musée de l’Ermitage. C’est un peu onéreux mais vous êtes sûr d’arriver à bon port en seulement 45 minutes. Le bonus est le paysage que procure la Neva et la mer Baltique. Si vous êtes sujet au mal de mer, prenez de la Coculine et fermez les yeux car cela bouge pas mal.

Prévoyez de l’argent, beaucoup. Etudiant, il n’y a pas de réduction sauf si vous êtes ressortissant russe. Les touristes payent pour faire vivre le lieu et surtout l’entretenir (les jardiniers coupent à certains endroits l’herbe aux ciseaux). Prévoyez une petite queue pour accéder au parc : il faut acheter son ticket à un des guichets et si vous n’avez pas la Petersbourg Card, l’entrée coûte 900 roubles. Si vous l’avez, il n’y a qu’un guichet qui peut vous donner le tarif réduit qu’elle procure et la queue est longue, très longue. Avec ce sésame, vous pouvez vagabonder dans le « Parc Inférieur » mais pas les monuments qui l’occupent, juste le parc.
Pour le Palais principal, il faudra débourser 1000 roubles supplémentaires. Prévoyez donc au moins 1900 roubles mais bien plus si vous souhaitez visiter les différents bâtiments qui composent le parc comme Marly ou Monplaisir…

Ayez un pique-nique. Il y a des stands un peu partout sur l’allée principale mais c’est cher payé pour la qualité.
Si vous êtes veggie, c’est pire encore. Vous allez vous faire refouler à une cabane puis peut-être une autre pour enfin trouver quelqu’un qui parle anglais et vous fera un burger spécial avec moins d’ingrédients que celui de base avec son steak et vous fera payer le double du prix (oui, ça sent le vécu…). Alors le must c’est de vous faire votre propre repas avec vos bouteilles d’eau (si vous l’avez oublié, achetez en une sur l’hydroglisseur, elles sont moins cher et plus grandes que dans le domaine) puis d’aller vous installer sur la petite plage de sable près de la forêt.
Allez le plus loin possible, il y aura moins de monde et surtout moins d’odeur de vase. Le Golfe de Finlande est une zone très passante. La pollution se fait donc particulièrement présente de même que la sédimentation de déchets. Vous serez ainsi au calme bien au fond de ce parc et vous pourrez alors vous reposer tranquillement.F1250014

Nota : Cet article ne présente que quelques lieux du domaine qui est très vaste.

À lire aussi sur Florilèges : Une visite chez les Romanov. Trois monuments incontournables de Saint-Pétersbourg et de ses environs par Marie Colas des Francs.

Bibliographie : Les musées de la résidence de Perterhof, Musées et Parcs, éditions Golden Lion, 2017.

Photographies : ©️ Anne-Elise Guilbert–Tetart.
Pour plus de photographies argentiques sur Saint-Petersbourg et sa région : https://www.lomography.fr/homes/anne-elise/albums/2184835-russia

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