
Diffusés sur Netflix en 2018, les treize épisodes de Violet Evergarden ne sont pas passés inaperçus et ont marqué la saison. Il est donc temps de revenir sur cette pépite d’animation, loin des clichés que l’on peut parfois associer (malheureusement) aux anime.
L’histoire
La guerre qui a dévasté le Leidenschaftreich et l’Empire Gardarik se termine après quatre ans de conflits meurtriers. Parmi les nombreux blessés et victimes, l’histoire s’intéresse à la jeune Violet Evergarden. Élevée comme une arme et ne connaissant que la guerre, celle-ci doit désormais apprendre à vivre en temps de paix. Elle s’engage alors en tant que Poupée automatique de souvenirs – métier constituant à écrire des lettres pour les autres afin de retranscrire leurs paroles et sentiments. Elle espère ainsi comprendre les derniers mots que son sauveur et major lui a adressés : « je t’aime ».

Il suffit du premier épisode pour comprendre que cet anime est un bijou visuel. L’animation joue sur les couleurs – alternant les tons sombres lorsque l’action se déroule au moment de la guerre, avec les tons lumineux et chatoyants lorsque Violet se reconstruit et découvre le monde. Avec sa précision dans les détails (que ce soit pour les coiffures et costumes, ou bien les éléments de paysages), l’anime mériterait d’être regardé simplement pour le plaisir des yeux.
Des sujets difficiles
Mais pour notre plus grand bonheur, le fond se révèle être au niveau de la forme. Il est aisé de deviner dès le début que l’histoire sera triste et arrachera de nombreuses larmes. Car Violet Evergarden parle de sujets difficiles. Le plus évident est bien entendu la guerre – point de départ de l’histoire, point central du personnage principal, la guerre est partout. Elle est montrée dans ses conséquences, que ce soit pour ceux qui y ont participé ou bien pour ceux qui ont attendu les premiers, elle est montrée dans sa violence à l’aide de flash-back, elle est montrée dans ce qu’elle a de plus cruel et de plus incompréhensible. À ce thème s’ajoutent le deuil, le syndrome de stress post-traumatique, le racisme, les enfants soldats… autant de thématiques diverses qui font de l’anime une œuvre importante.

Chaque épisode creuse en effet le passé ou le présent d’un personnage en particulier. Il est possible d’être tout d’abord septique face à ce choix narratif – comment s’attacher à des personnages qui nous sont montrés pour seulement vingt minutes ? Et pourtant, l’anime réussi ce tour de force. L’histoire de chacun des personnages est narrée avec une grande exactitude et permet au spectateur de s’identifier à ceux-ci. Les thèmes abordés étant universels, chacun peut se demander comment il réagirait face à de telles situations, comme la perte ou la douleur d’un proche. Le doublage (japonais) impeccable est également pour beaucoup dans l’immersion de cet univers, les comédiens doubleurs étant très convainquant dans leur interprétation (un doublage français existe, qui est également très bon).
Violet Evergarden
Si les épisodes nous présentent des protagonistes différents, ils ont tous pour fil conducteur l’héroïne de la série, Violet Evergarden. Élevée toute sa vie dans un contexte militaire et ne connaissant ainsi rien à la vie en société, le personnage est tout d’abord froid, distant, incompréhensif aux sentiments. Mais à mesure de ses rencontres avec ses clients et collègues, Violet apprend, comprend, change – c’est alors que la structure « un épisode pour un personnage » prend tout son sens. En s’attardant sur les sentiments des personnes que rencontre notre protagoniste, le spectateur comprend ce que celles-ci apportent à Violet. Il est ainsi saisissant de regarder une nouvelle fois le premier épisode et de se rendre compte de l’évolution du personnage, qui est l’une des plus intéressantes qu’il soit possible de voir. Car Violet Evergarden ne tombe pas dans la facilité et ne fait pas évoluer son héroïne en un claquement de doigt – ce changement est maîtrisé car il se fait petit à petit, presque pas à pas, chaque rencontre prenant finalement sens.

Malgré les nombreuses larmes versées devant les épisodes (ou les serrements de cœur pour les plus ‘forts’ d’entre nous), il se dégage de l’histoire un sentiment d’espoir. Tout comme Violet qui apprend peu à peu à se reconstruire et à vivre par et pour elle-même, les autres personnages vont tous être l’occasion de passer un message d’amour et de tolérance.
Ce propos est appuyé par une narration maîtrisée, qui sait alterner les moments d’angoisse aux moments sereins. Il se dégage alors de l’œuvre une grande poésie, que vient rehausser un graphisme parfait et une bande-son magnifique.
Jouant sur les sentiments sans jamais tomber dans les clichés, Violet Evergarden a réussi à proposer une histoire cohérente, profonde. Aux thèmes importants qu’elle aborde s’ajoute une animation d’une grande qualité. Tout est donc réuni pour que ces treize épisodes soient appréciés par les habitués d’anime, comme par les plus récalcitrants.
Violet Evergarden est disponible sur Netflix (treize épisodes plus un épisode spécial).
Image à la une : ©Netflix