
La bande-annonce donne l’impression d’une “teen comedy” drôle et simple qui amènera quelques gloussements et sera oubliée dès qu’on aura fini de la binge-watcher… Résultat : un mois plus tard, on y pense toujours.
Spoiler alert: certaines scènes importantes de la série seront discutées dans cet article
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Un synopsis drôle qui cache des scénaristes sérieux
Otis, un garçon peu populaire et fils de sexologue se laisse convaincre par la fille qu’il aime bien de devenir, lui aussi, le sexologue de ses camarades de lycée.
Bien que le synopsis nous donne envie de voir la série, ce sont les personnages et leurs relations qui nous maintiennent intéressés. Sex Education ne simplifie et ne complexifie pas les relations qu’elle montre, les laissant prendre juste la place qu’il faut. Parmi les plus intéressantes, il y a celle d’Otis et de sa mère, distante mais profonde, celle qu’il a avec son meilleur-ami Eric malgré leurs nombreuses différences et celle qu’il a avec Maeve, la fille qu’il aime. Même les relations secondaires semblent être traitées avec réalisme, ce qui sépare Sex Education des autres séries destinées aux adolescents.
Des personnages attachants
Tout d’abord, il y a Otis. C’est le personnage principal de la série, et il est “awkward” (gêné, gauche). Ce mot n’est pas vraiment traduisible dans ce cas précis mais il représente pourtant des centaines de personnages, pour la plupart masculins, dans des films et séries depuis ces dernières années. Cette nouvelle représentation de la masculinité, plus réservée, plus gauche, moins “virile” est devenue la solution facile pour qu’un public majoritairement féminin s’attache au personnage principal d’une série. Et, dans le cas de Sex Education, ça marche.
Puis il y a Jean, la mère. Tout d’abord, il faut constater la rareté d’une relation développée entre un parent et son enfant dans une série pour adolescents. Bien que son personnage ne soit pas aussi développé que la bande annonce le laisse entendre, c’est quand même sa profession de sexologue qui amène l’intrigue principale de la série et elle reste un personnage extrêmement intéressant qui a une vie épanouissante malgré son âge “archaïque” selon les clichés d’Hollywood.
Ensuite, il y a le meilleur ami gay, Eric. Le stéréotype même du G.B.F (gay best friend) avec des variations. En effet, il veut être populaire, est très enthousiaste comparé à ses camarades et a eu des expériences sexuelles dans des lieux louches, mais il est aussi beaucoup plus que ça. L’amitié entre Otis et lui, très rare à la télévision, permet de voir au-delà de la sexualité et de l’expression du genre pour avoir une amitié qui n’est pas basée sur les points communs mais le profond amour platonique qu’ils ressentent l’un pour l’autre. C’est rafraîchissant et l’une des meilleures amitiés représentées à la télévision ces dernières années.
Puis il y a Maeve, la “manic pixie dream girl”, ou fille parfaite qui n’est là que pour être le “love interest” du personnage principal. La “manic pixie dream girl” qu’est Maeve est un peu effrayante, badass, a une vie de famille peu commune, et, le pire de tout: elle est féministe. Tout cela, évidemment, en étant conventionnellement belle.
Elle peut en décourager certains de regarder la série (je faisais partie d’entre eux), mais la série nous prouve que Maeve est tout ça et bien plus encore. Il est si rare d’avoir un personnage féminin aussi bien développé qu’elle que s’en est rafraîchissant. Elle est quand même le “love interest” d’Otis mais est développée au-delà de cette intrigue et nous intéresse pour cela et non son histoire d’amour.
Il y a ensuite Jackson, le nageur. Le garçon populaire du lycée, que tout le monde aime et adule. On sort déjà des clichés des sportifs ne faisant que du football ou du basket, mais aussi de celui qui montre que les élèves populaires sont toujours méchants. Ce n’est pas le cas dans la série: au contraire, Jackson est gentil avec tout le monde et arbore publiquement un sourire de sympathie dans le lycée. Par ailleurs, bien qu’il aurait pu être plus développé, le personnage du sportif est déjà beaucoup plus enrichi en personnalité par les scénaristes de Sex Education.
Il y a finalement Adam, le ‘méchant’ et fils du principal. De tous les personnages principaux, c’est le moins développé, mais grâce à leur petit nombre, il reste tout de même bien écrit et utilisé. Son côté qui divise le plus est le fait qu’il représente le cliché du méchant qui est secrètement attiré par les garçons, mais il est trop tôt pour s’exprimer sur la réussite de cette intrigue qui ne débute réellement que durant le dernier épisode. Celle-ci lui a tout de même redonné un peu d’importance car il semblait avoir perdu en développement à partir de l’épisode 3.
Un jeu (presque) sans faute
Le jeu des acteurs est étonnamment très juste, détonnant encore une fois avec les prémices de la série. Si l’on voulait être tatillon, on pourrait dire que le jeu de Connor Swindells (Adam Groff) manque quelque peu de naturel, ce qui pourrait totalement être un choix artistique de l’acteur et du réalisateur, voulant montrer la pression subie par ce personnage refoulé. Par ailleurs, il a un moment de jeu très fort lors du bal organisé par l’école, ce qui prouve que l’acteur a plus d’un tour dans son sac.
Tous les autres acteurs font un sans faute, ma préférence allant pour Emma Mackey (Maeve Wiley) lors de mon épisode préféré qui s’attaque à un sujet plus que difficile, l’avortement. L’épisode, d’une force incroyable, permet à celle-ci de briller avec retenue et émotion. Asa Butterfield (Otis Milburn) complète l’épisode avec brio et fait de celui-ci l’un des meilleurs épisodes réalisés, toutes séries confondues.
Une sexualité crue, franche et sans vergogne
Signée Netflix, la série ne peut s’empêcher d’être très explicite. Pourtant, Sex Education reste une série adolescente, genre qui reste timide face au sexe et beaucoup plus discret.
Il y a quelque chose de rafraîchissant dans Sex Education, et c’est ce côté cru et réaliste utilisé pour parler de sexe, une thématique cruciale dans la vie adolescente. Inutile de le nier, elle est dans la tête de tous. D’habitude pourtant, le sexe existe juste d’une manière décomplexée et banalisée, comme dans Riverdale par exemple, où ça arrive, et puis c’est tout.
Sex Education, en revanche, montre différents profils face au sexe. Il y a ceux qui se sentent anormaux, ceux qui veulent absolument le faire, ceux qui ne le font pas, ceux qui ne le comprennent pas et ceux qui le font. Cette diversité permet aux adolescents qui regardent cette série de se sentir normaux et représentés pour la première fois dans une “teen series” où le sexe est vu comme une source normale de questionnements.
Seul point négatif: une histoire d’amour clichée et déjà vue
L’histoire d’amour manquée d’Otis et de Maeve, quoi que touchante et très bien effectuée, prouve tout de même quelque chose: une intrigue surexploitée reste agaçante même lorsqu’elle est bien exécutée.
Pourtant, l’amitié entre les deux jeunes gens est l’une des meilleures parties de la série, mais les scénaristes ne semblent pas vouloir comprendre la lassitude de certains spectateurs à l’idée d’une histoire d’amour bateau entre le garçon timide vierge et la fille badass en charge de sa propre sexualité. C’est du vu et revu, et cela enlève à l’histoire générale.
L’idée qu’Otis, amoureux d’une fille qui ne l’aime pas (surprenant, on sait), puisse aller de l’avant avec une autre fille qui lui plaît et à qui il plaît en retour, semble extravagante pour les scénaristes de Sex Education. Ainsi, l’histoire d’amour entre Otis et Ola, originale et pétillante, ne semble pas les satisfaire et il faut bien que Maeve ait le coeur brisé en les voyant s’embrasser.
Malheureusement, on peut déjà deviner ce qu’il va se passer dans la saison 2, et c’est bien dommage. Cela aurait été innovant de montrer que l’on peut rester ami avec celle qu’on aimait et que, parfois, ceux qu’on aime ne nous aiment pas en retour. Cela semble pourtant rester un concept inconnu des séries adolescentes.
Une série que j’ai absorbé en un après-midi. Les retours des ados envers cette série sont positifs. Néanmoins, le final est peu apprécié.
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merci d’avoir fait un article sur cette série ! parler de masturbation féminine, vaginisme et d’avortement dans une série grand public, c’est d’utilité publique et c’est chouete que netflix n’hésite pas à se placer sur ce créneau là !
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