
Nous sommes dans une époque où les images se multiplient et deviennent omniprésentes grâce, notamment, aux réseaux sociaux. Et si nous devions n’en choisir qu’un, ce serait Instagram qui base toute son fonctionnement sur l’attractivité des images. Une filière comme l’histoire de l’art, foncièrement visuelle, ne peut faire l’impasse sur cet outil de communication. La médiation scientifique représente tout moyen de transmettre des connaissances, des savoirs, et d’échanger avec le public quel qu’il soit.

La nécessité pour les institutions culturelles, mais aussi pour les chercheuses et chercheurs, d’utiliser des outils comme Twitter ou Instagram se fait de plus en plus forte. En effet elle permet de répondre à une envie d’apprendre, mais aussi à un intérêt d’accessibilité. On ne peut plus compter le nombre de colloques, conférences ou expositions qui nous intéressent et auxquel.les on ne peut pas se rendre. Les live-tweet, live-instagram nous permettent de suivre l’événement comme si nous y étions. Nous pensons notamment aux personnes à mobilité réduite face à une conférence dans un château n’ayant pas d’ascenseur. Il est impensable de ne pas mettre en place des solutions pour que chacune et chacun puisse avoir accès aux événements culturels.

Sur Instagram on retrouve 3 profils type de personnes qui postent de l’art : l’institution, lae professionnel.le de musée, de l’exposition et/ou de la recherche et enfin et le public. L’institution a généralement une équipe entière consacrée à la gestion de leurs réseaux sociaux. Le château de Versailles (@chateauversailles) compte entre 6 et 10 personnes pour cette tâche. Les autres profils vont gérer seul.e leur compte Instagram. Le château de Versailles représente 473 000 abonné.s. Cette communauté est très attentive aux publications des community managers, iels détaillent le mobilier du château par gamme de couleur afin de créer un « feed » cohérent et attractif, chacune des publications compte entre 5 000 et 10 000 « likes ».
Le musée d’Orsay (@museeorsay) qui comptabilise pas moins de 599 000 abonné.es a pu constaté l’impact direct de ses publications par une vidéo postée le 14 octobre 2018 qui a été vu 149 000 fois (vidéo sur les représentations de hautes voltiges dans le musée). De façon plus récente, le musée a posté une image du tableau toujours autant controversé de Courbet, L’Origine du monde, et affiche un de ses meilleurs scores avec 42 000 likes et près de 1 000 commentaires.

Le musée du Louvre (@museelouvre) est l’institution la plus hastaggé en octobre 2018 avec 3 millions de citations avec les #louvre, #museedulouvre ou encore #louvremuseum. C’est avec une communauté de 2 600 000 abonné.es que le musée récolte, par exemple, sur une photo du bâtiment sous la neige 113 000 likes (datant du 10 janvier 2019).
Il paraît important pour les institutions d’installer une proximité entre les musées et le public, et de créer des interactions. Plusieurs musées, dont le Louvre, likent et reposent des photos d’amateurs et amatrices qui les ont hastaggé. Certains vont jusqu’à créer des concours photos pour pousser le public a venir plus nombreux, comme le musée Delacroix. En plus de sortir l’institution muséale de sa sacralité en la rendant accessible, la présence sur les réseaux sociaux permet aussi de faire entrer l’art dans le quotidien de chacun.e.

De l’autre côté, nous avons les professionnel.les qui évoluent dans les musées, les centres d’art et les expositions et qui choisissent de tenir un compte personnel montrant leur travail. A la fois vitrine de leur compétences et de leurs passions, ces curateurs et curatrices développent une ligne éditoriale propre et cohérente. Ainsi, pour les amoureux.ses du XIXe siècle nous pouvons retrouvons le compte de Paul Perrin (@paulperrin) qui réunit près de 8 500 abonné.es. Il présente des œuvres du musée d’Orsay auquel il est rattaché, mais aussi des œuvres et monuments rencontrés lors de ses voyages. Julie Crenn (@julie_crenn), près de 8 000 abonné.es au compteur, a une démarche relativement similaire puisqu’elle est historienne de l’art, critique d’art et curatrice. Son feed montre son quotidien de commissaire d’exposition en voyage, entre ses expositions et les moments de pause. Julie Crenn s’inscrit par contre dans une monstration de l’art actuel.

Le public dans tout ça ne reste pas passif, mais est bien actif dans ce processus de valorisation des collections et du patrimoine. Le hastag #historyofart représente plus de 224 000 images publiées et le hastag #art et l’un des plus populaire de la plateforme Instagram avec près de 472 000 000 post. Certain.e.s professionnel.le.s craignent une affluence dans les musées d’un public qui cherche à se montrer et à se faire voir dans ces institution, qui recherchent la plus belle photo, sans forcément regarder et apprécier l’œuvre à côté d’elleux. Il s’agit de ne pas apposer de présupposés classistes sur un nouveau public qui base, certes, ses visites sur les réseaux sociaux, mais c’est peut-être un public qui n’aurait pas passé la porte des musées sans cela. Et comme l’a démontré le clip « Apes**T » de Beyoncé et Jay-Z tourné au musée du Louvre, l’intégration de l’art dans le quotidien, dans les réseaux sociaux et la pop culture fonctionne très bien. En effet le musée du Louvre a battu ses records de fréquentation en 2018 en 10,2 visiteurs et visitrices soit une augmentation de 25% par rapport à 2017 (+).
Les réseaux sociaux sont plus que jamais un outil à prendre en main pour toute personne voulant évoluer dans les métiers de la fabrication et de la transmission de savoirs, notamment en histoire de l’art.
