
Instagram est un réseau social basé sur la publication et la consommation d’images en grande quantité. Le principe est de scroller jusqu’à ce que notre œil soit attiré par une photo. Cette afflux important d’images permet de nourrir le regard, consciemment ou non, d’une certaine culture iconographique. Cette visibilité c’est ce qui a manqué, et qui manque toujours, aux artistes femmes. Dans ce milieu d’hommes, il reste difficile pour une artiste femme d’émerger sur un pied d’égalité. Les femmes artistes du passé ont été écarté de l’histoire pour mieux y faire apparaître les hommes. Les chercheur.euses et jeunes chercheur.euses s’engagent de plus en plus dans les études sur les femmes artistes. Mais la question reste : comment revenir sur une invisibilisation aussi longue ? Comment valoriser ces recherches aux yeux du grand public ? Pour certain.es, Instagram tient une petite partie de la réponse : la présence visuelle. Inscrit dans le quotidien de nombre de jeunes, il permet de toucher un nouveau public, non habitué des expositions et des livres d’histoire de l’art qui restent relativement élitistes. Ce réseau social concentre quantité de comptes dédiés à l’histoire de l’art ou à l’histoire des femmes. L’objet de cet article sera d’en lister quelques-uns et d’en montrer leur intérêt.

Le compte @women_artists se conçoit comme un catalogue en ligne regroupant des artistes femmes actuelles. Avec une communauté de 13 200 abonné.es, il permet une bonne circulation des images. Ce compte nous permet un coup d’œil rapide sur les tendances actuelles en terme de création, ainsi qu’une mise en avant des artistes femmes. La non-mixité dans la valorisation artistique est, pour certain.e.s, un passage obligé vers une équité de la réception. Il faut promouvoir les femmes afin qu’elles aient accès équitable aux expositions et aux collections.

Nous retrouvons une démarche de catalogage similaire, mais dans le domaine plus spécifique du photo-reportage, avec le compte @womenphotograph. 91 600 personnes suivent les photographies postées régulièrement. Se concentrer sur le photo-reportage est une démarche intéressante puisque ce métier est considérée comme masculin puisque dangereux et itinérant. Nous voyons la diversité des sujets abordés et une sensibilité différente à chaque fois, et qui ne semble pas avoir de fil conducteur essentialiste comme certain.e.s voudraient le penser. La non mixité de la monstration a aussi cet avantage, en montrant ensemble toutes ces artistes femmes nous pouvons en percevoir plus facilement les différences et donc échapper à l’idée d’un art féminin, d’une touche féminine.

Si nous ne devions choisir qu’un seul compte pour les francophones, ce serait celui de @awarewomenart . Avec ses 2 200 abonné.es, il représente le groupe Aware. Aware est une association de loi 1901 créée par 7 femmes. Elle est présidée par Camille Morineau, commissaire d’exposition notamment connue pour l’événement elles@centrepompidou, exposition constituée entièrement d’œuvres d’artistes femmes au Centre Georges Pompidou. Aware crée un dictionnaire des artistes femmes, où des contributrices et contributeurs peuvent proposer des biographies au comité scientifique. En plus de cet apport non négligeable à la recherche et à la transmission des savoirs, Aware organise aussi des journées d’étude et autres événements autour des artistes femmes.

Dans un domaine plus restreint, Jeanne Barnicaud, étudiante en histoire, a créé le compte @histfemtat avec 1 400 abonné.es, autour de l’histoire des femmes dans le monde du tatouage. Dans ce milieu artistique underground, les rôles socialement genrés semblent au premier regard très stricts : un homme tatoueur et une jolie femme modèle. @histfemtat nous permet de briser les préjugés sur une histoire du tatouage entièrement au masculin, en montrant des photographies de femmes tatoueuses et tatouées à des époques où les dermographes étaient loin d’être à la mode. En s’attaquant à un medium précis, le tatouage, Jeanne Barnicaud centre et spécifie son propos. Les comptes Instagram de jeunes chercheuses et chercheurs permettent aussi, pour le public, de voir le savoir en fabrication. En effet, dans la gestion de leur compte iels ont plus tendance à partager des lectures ou des étapes du travail de recherche. En plus de démystifier le processus de recherche cela permet une interaction supplémentaire avec le public qui, s’il est intéressé, va pouvoir suivre et commenter les lectures.
Avec ces quelques comptes à suivre, votre fil Instagram sera assurément plus fourni en artistes femmes et les découvertes seront nombreuses. Soutenir la recherche en histoire de l’art et en études féministes cela passe aussi par encourager les nouvelles formes de mise en valeur des connaissances. Ainsi, le hastag #womenartists représente près de 475 000 publications et démontre une nouvelle fois, s’il le fallait encore, la diversité des productions actuelles et l’intérêt du public pour les artistes femmes.
J’aime aussi beaucoup le compte L’Odyssée de Sapho 🙂 merci pour cette sélection
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