Les nouveaux modes de financement de la culture

François Hollande affirmait « la culture, ça fait partie de la République et le rôle du chef de l’Etat, c’est de défendre toujours et encore la culture ». Par cette unique réflexion, l’ex président résumait bien la tradition culturelle française essentiellement basée sur des subventions publiques.

Aujourd’hui, les crédits budgétaires assignés à la culture sont concentrés dans trois principaux pôles :

  • Les sept programmes budgétaires gérés par le ministère de la culture et de la communication pour un total de 3,9 milliards d’euros
  • Les avances à l’audiovisuel public pour environ 3,3 milliards d’euros et l’enseignement scolaire

(Tous les chiffres sont de 2017)

En revanche, le monde culturel s’appuie essentiellement sur l’économie marchande avec un financement privé à hauteur de 80 %.  Face à la restriction budgétaire étatique, de nouveaux modes de financements prennent de plus en plus de place dans le domaine culturel, permettant ainsi aux institutions et Startups de palier à ce manque.

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Le financement participatif : de plus en plus prisé

Le premier mode de financement qui est de plus en plus utilisé est le crowdfunding ou financement participatif. Les modalités sont assez simples à mettre en place: tout d’abord,  le créateur mobilise sa communauté via une plateforme dont la plus connue est KissKiss BankBank ou Kickstarter, ensuite, la plateforme ne se rémunère que si la collecte atteint son objectif dans le temps imparti. A titre d’exemple, c’est le cas de 65 % des projets sur Ulule , l’une des principales plateformes en France. Les bénéfices pour le donateur sont identiques au mécénat si les conditions sont réunies à savoir un intérêt fiscal avec une réduction d’impôts.

Par exemple, le spectacle Son et Lumières du Château du Blanc Buisson a pu collecter 5 080 € sur la plateforme KissKissBankBank. Ou encore la campagne menée par le Musée d’Orsay sur Ulule pour la restauration du tableau L’Atelier du peintre de G. Courbet. En 80 jours, 155 374 € ont été collectés.

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On ne compte en effet plus les musées, théâtres et autres institutions culturelles qui proposent aux particuliers de les soutenir tels que le Musée Fabre de Montpellier, le Festival d’Avignon, le Musée des Beaux-Arts de Lyon… Plus que jamais, ce mode de financement permet aux particuliers d’être acteurs de leur patrimoine culturel.

Néanmoins, ce mode ne représente en général que 30% du financement en moyenne et s’il est parfois très largement bénéfique, il peut ne pas être du tout suivi et donner une mauvaise image du projet. C’est donc un mode de financement par très fiable et qui doit être considéré comme un complément mais certainement pas une source de revenu principale. 

Le mécénat : un financement désintéressé ?

Le mécénat connait également un véritable bond dans le domaine du financement culturel. Ce mode de financement est un soutien en nature, en compétence ou financier entre une entreprise et une entité culturelle. Ce procédé rempli différentes conditions : l’absence de contrepartie et une contribution destinée à une personne morale.

Les bénéfices pour le mécène entrepreneur sont divers :

  • Réduction d’impôt jusqu’à 60 % de la contribution
  • Image valorisante de l’identité de l’entreprise
  • Renforcement de la cohésion interne sur un projet

Le château de Chambord est un des exemples les plus marquants de la réussite de ce mode de financement.  Grâce au mécénat, le monument a ainsi pu refaire ses jardins et peut garantir un entretien du lieu à la hauteur de ses ambitions. L’exemple du Château montre que le caractère volatil du mécénat n’est pas à craindre mais au contraire intervient en complément des financements publics.

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C’est donc un phénomène qui ne concerne pas seulement les institutions emblématiques comme Chambord, et qui permet de miser sur l’attachement du public à son patrimoine local. Toutefois, cette manière d’obtenir des fonds qui est normalement désintéressée puisqu’elle ne demande juridiquement pas de contrepartie, l’est de moins en moins et fait tendre la culture vers une uniformisation de la production culturelle de par le pouvoir des mécènes comme on peut déjà le voir dans le monde de la production théâtrale. En effet, un donateur a souvent le pouvoir d’imposer son avis sur la programmation des entités culturelles. De plus, les retombées du mécénat ne sont souvent visibles que sur du long terme.

Billetterie, numérique et produits dérivés : une source non négligeable de revenu

Enfin, les lieux culturels s’autofinancent grâce aux recettes de billetterie ainsi qu’aux produits dérivés et au numérique. La billetterie représente environ deux tiers des ressources ce qui est une part non négligeable. Le montant des ressources dépend de la fréquentation des musées. Ainsi, le prix d’entrée est fixé en fonction des besoins de financement du lieu.

Les établissements sont forcés de se renouveler pour diversifier le public et compléter leurs revenus. En effet, en ce qui concerne spécifiquement le patrimoine, les monuments sont souvent déficitaires et cherchent des solutions dans le numérique à l’instar de l’Abbaye de Fontenay en Bourgogne qui fait en ce moment appel à des étudiants pour proposer des solutions numériques au sein du lieu. Tous les établissements sont concernés, des petits musées locaux aux grands musées nationaux. Le numérique intervient comme une solution d’avenir pour moderniser l’offre culturelle, remplir un lieu sans contraintes physiques et de personnels…

« On trouve tout ce qui peut être immersif, tactile. On peut prendre l’exemple du musée Anne Frank. La maison est totalement vide, mais avec la possibilité de réalité virtuelle qu’on applique aujourd’hui, on va reconstruire complètement le parcours et l’histoire d’Anne Frank à l’intérieur de sa maison« , explique Delphine Reignier, la directrice du salon Museum Connections.

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Pour finir, les produits dérivés sont une vraie source de financement pour les institutions. En effet, en moyenne, un visiteur dépense 10€ en produits dérivés après une visite afin de garder un souvenir de l’expérience.  Pour certains lieux culturels, les boutiques représentent 20 à 30% des recettes.

Ainsi, le panorama des nouveaux modes de financement culturel est large. Si les subventions publiques restent majoritaires, d’autres solutions auparavant mineures prennent de l’ampleur. Ces ressources viennent de financeurs privés par différents moyens : le mécénat, le financement participatifs ou encore les produits dérivés et le numérique. Ces nouveaux modes de financement ont vocation à compléter ceux plus traditionnels déjà existants. Les receveurs de ces sources de financement ont comme véritable enjeu de veiller à ce que les financeurs ne deviennent pas décideurs de la politique culturelle menée.

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