
Funny Face est un long-métrage réalisé en 1957 par Stanley Donen. Ce film est la première collaboration d’Audrey Hepburn et Stanley Donen, qui se poursuivra avec Charade puis Voyage à deux, tous plus brillants les uns que les autres, un duo assez mythique en somme. Il s’agit d’une adaptation de la comédie musicale du même nom à Broadway en 1927. Seules les musiques sont reprises, mais l’histoire, quant à elle est inspirée de la relation entre Richard Avedon, photographe de mode, et Suzy Parker son mannequin fétiche.
Audrey Hepburn campe le rôle de Jo, petite libraire mal fagotée, passionnée de philosophie et détestant par-dessus tout la mode et son univers superficiel. Mais un jour, le célèbre magazine de mode Quality dirigé par l’irrésistible Maggie Prescott (Kay Thompson) surgit dans la librairie, et bouleverse la vie de Jo du tout au tout. Elle fait alors la rencontre de Dick Avery (Fred Astaire) qui la convainc de devenir le nouveau visage pour Quality. Ce charmant trio s’envole alors pour le Paris des cartes postales : la Tour Eiffel, rue de la Paix, Saint-Germain-des-Prés, le palais du Louvre.
Dès les premières minutes, Stanley Donen annonce le ton du film : coloré, décalé, pétillant, les chorégraphies, chansons et musiques de George Gershwin (Rhapsody in Blue) nous transportent dans une ambiance remarquable, le tout renforcé par une esthétique léchée et épatante grâce au Technicolor ! La technique, utilisée sous les conseils avisés du photographe Richard Avedon lui-même, est surprenante et parfaitement maitrisée, qu’il s’agisse par exemple des split screen de la chanson Bonjour Paris ou des arrêts sur image lors des scènes de shooting.
Paris, bien que tournée en dérision par le personnage du Professeur Florste, séducteur existentialiste à la réflexion creuse, se révèle aussi être actrice de cette comédie haute en couleurs pour ses décors qui sont, comme des témoins d’un amour naissant et de la transformation de cette petite libraire de Greenwich Village. Ainsi, c’est avec enchantement et plaisir que l’on (re)découvre, sublimés, l’Arc du Carrousel, l’escalier de la Victoire de Samothrace, la Tour Eiffel, et l’Opéra Garnier à travers l’objectif de Dick. la capitale n’est pas seulement cloisonnée dans des clichés : au même titre que les autres espaces (la libraire, les bureaux du magazine, la chambre noire), elle demeure un lieu de découverte, un support d’imprégnation des sens et des sentiments.
Audrey Hepburn est plus délicieuse que jamais, radieuse, gracieuse, chantant elle-même (contrairement à My Fair Lady où elle sera doublée) et dansant à la perfection, touchante en passionnée, mais aussi resplendissante dans les tenues créées pour elle par Hubert de Givenchy.
Petit fun-fact, le duo formé à l’écran par Audrey Hepburn et Fred Astaire a trente ans d’écart, et alors qu’Audrey Hepburn n’était pas encore née, Fred Astaire était déjà sur les planches de Broadway pour la première version de Funny Face en 1927.
Cette petite perle rappelle le génie et l’inventivité que la comédie musicale doit à Stanley Donen : des explosions visuelles et auditives toutes plus variées et plus riches les unes que les autres, un renouvellement perpétuel, et une sensibilité particulière dans la réalisation proche des personnages de leurs attitudes, de leurs mouvements jusque dans les danses les plus folles, le tout dans un rythme calculé avec brio, ne brisant jamais les élans et les temps de repos.
Pour finir et célébrer ce monument du cinéma et dernier représentant de l’âge d’or d’Hollywood, décédé en ce début d’année, retenons ainsi les propos de l’historien du cinéma David Thompson qui dit de ce génie qu’ « il a emmené la comédie musicale dans une direction brillante et personnelle : non seulement, il a osé transposer des habitudes des studios à l’extérieur, mais il a également été capable de filmer avec la même liberté qu’en extérieur”.
Depuis maintenant trois ans, le Ciné-Club de l’École du Louvre vous propose à Noël une comédie musicale pour fêter la fin d’année, et l’arrivée des vacances tant attendues. Lors de nos recherches, nous nous sommes encore rendus compte que le meilleur réalisateur pour les belles comédies musicales du Golden Age d’Hollywood n’est d’autre que Stanley Donen dont nous avions déjà choisi de projeter Singin’ in the rain il y a deux ans. Cette année notre choix s’est porté sur ce film que nous vous invitons à venir découvrir lors de cette séance spéciale Noël, le mercredi 11 décembre à 18h en amphithéâtre Michel-Ange. La séance sera suivie d’un délicieux petit buffet.
Josépha Caumont-Carpentier
Si vous êtes extérieurs à l’école, pensez à réserver au plus tard 24h avant la séance en envoyant votre nom et votre prénom à cineclubecoledulouvre@gmail.com !