
Plus grand succès au box-office d’Agnès Varda, récompensé par un lion d’or à la Mostra de Venise en 1985, Sans toit ni loi est un des films les plus célèbres de la toute aussi célèbre réalisatrice française Agnès Varda. Relevant du genre du “Documenteur” (mot valise tiré des mots documentaire et menteur) ce film retrace l’histoire fictive de Mona (Sandrine Bonnaire), une jeune vagabonde sans papier qui parcourt en stop et à pied le Languedoc-Roussillon.

Une jeune fille errante est trouvée morte de froid : c’est un fait d’hiver. Était-ce une mort naturelle ? C’est une question de gendarme ou de sociologue. Que pouvait-on savoir d’elle et comment ont réagi ceux qui ont croisé sa route ? C’est le sujet de Sans toit ni loi. Peut-on faire le portrait d’une fille aussi difficile à saisir que Mona, toujours dans une attitude de refus ? La caméra s’attache à elle, racontant les deux derniers mois de son errance. Elle traîne. Installe sa tente près d’un garage ou d’un cimetière. Elle marche, surtout jusqu’au bout de ses forces.

Épopée libre et entrainante, le parcours de Mona est rythmé de rencontres avec une cohorte de personnages variés dont les chemins s’entremêlent progressivement. D’une spécialiste universitaire des platanes, à des ouvriers étrangers responsables de vendanges, Mona semble aussi bien laisser une trace que s’imprégner de tous les personnages qui gravitent autour d’elle. Elle apprend plusieurs métiers : agriculture, viticulture, élevage… et laisse dans son sillage des impressions que Varda filme presque à la manière de témoignages.
Filmé avec tendresse sur une pellicule 35 mm argentique en couleur, le film allie cadrages larges et plus serrés pour composer un véritable portrait de Mona. Le tout dans une ambiance sonore laissant place aux bruits de la nature et de la ville qui entourent les personnages, mais dont les quelques musiques marquent par leur dynamisme et la pertinence de leur paroles avec les scènes que nos yeux voient défiler au même moment.

Parfois insouciante, obstinément affranchie, Mona incarne cet idéal d’errance et de liberté. Cette volonté sauvage et solitaire, matérialisée physiquement par sa saleté, en font un personnage fort, émouvant et d’une résilience extraordinaire que Varda a imaginé en hommage à Nathalie Sarraute, qu’elle avait perçue, elle aussi, comme une grande solitaire et révoltée. Si le film continue de parler aujourd’hui, c’est peut-être aussi et surtout parce qu’il fait résonner ce destin de femme qui peut faire ce qu’elle veut et que la société rejette parfois violemment.

Le ciné-club de l’école du Louvre vous propose de (re)venir profiter du film lors de la projection qui se déroulera le lundi 29 novembre à 18h dans l’amphithéâtre Goya !
Si vous êtes extérieur à l’école pensez à envoyer, au plus tard 48 h avant la séance, vos nom et prénom à cineclubecoledulouvre@gmail.com.
