Disney, le bleu et l’eau : une recette qui vend du rêve

Nous revoilà aujourd’hui avec ce cher Disney, qui nous fait tant rêver depuis des décennies ! Si l’on y regarde bien, les dessins animés Disney sont très bleus. Mais quand on sait que le bleu est l’une des couleurs les plus appréciées au monde, cela semble assez logique de s’en servir autant dans un produit destiné au grand public. Le bleu est à la fois la couleur du rêve, la couleur du ciel, de l’espoir ou encore de la mer. Sa symbolique vient alors se superposer à celle de l’eau. Car si vous regardez d’encore plus près : chez Disney, on a beaucoup d’eau ! 

  Qui dit eau dit d’abord océan (partons du plus large). Cette entité fascinante n’a pourtant pas toujours la même signification partout. Pour ceux qui y vivent, comme Luca ou la Petite Sirène, l’océan est un lieu d’enfermement. Les protagonistes ne rêvent que de découvrir ce qui se cache à la surface, cet inconnu qu’ils aperçoivent seulement entre deux vagues. Ariel espère retrouver son grand amour sur terre, insatisfaite de l’étendue d’eau immense dans laquelle elle patauge. Luca, surtout curieux, se demande bien ce qu’il se passe au-dessus de sa tête tandis qu’il commence à tourner en rond dans son bocal (c’est vrai que l’océan, c’est un peu serré). Et c’est là tout le paradoxe de l’eau : l’immensité étouffe, on veut s’en extraire. Toute l’histoire de Nemo part de là aussi. Le petit poisson a voulu voir plus loin que son anémone et voilà qu’il se retrouve dans l’aquarium d’un dentiste ! 

Bon, en même temps, s’ils étaient satisfaits dès le départ, il n’y aurait pas d’histoire.

Mais l’eau a une double signification et elle peut se transformer d’un dessin animé à l’autre en promesse d’aventure et de liberté. Sinon pourquoi Vaiana s’acharnerait-elle à quitter son île pour voguer toujours plus loin ? La mer l’appelle (c’est elle qui l’a dit). Et lorsqu’elle traverse enfin la frontière de son île, elle nous rappelle étrangement Pocahontas sur sa rivière qui chante sa communion avec la nature et semble tirer sa force et sa bravoure du courant.

 Alors cet océan : prison dorée ou liberté ? Eh bien les deux ! L’eau est mouvante et c’est justement cette ambivalence que les studios Disney mettent à profit. On remarque cependant que l’eau apparait dans de nombreux dessins animés, passant un peu plus inaperçue mais toujours signifiante. L’eau accompagne des moments cruciaux de la narration. Ainsi Rémi de Ratatouille se fait violemment emporter par l’eau des égouts avant d’arriver à Paris, chez Gusteau, là où il concrétisera son rêve. De même pour Tiana dans La Princesse et la grenouille, lorsqu’elle se retrouve dans le Bayou accompagnée de son prince/batracien. L’eau d’abord menaçante pour les deux grenouilles les met finalement sur la route de Louis (alligator jazzy) et les mènent vers la sorcière qui résoudra leur problème. L’eau est alors celle qui porte les protagonistes vers leur destin.

 Les exemples sont multiples, regardez bien !  Raiponce, Peter Pan, La Reine des Neiges, Mulan, Aladdin… tous rencontrent l’eau sous des formes différentes. Que ce soit un bref instant comme Aladdin et Jasmine depuis leur tapis volant, survolant la surface bleutée qui annonce une idylle féérique, ou bien sous forme de pluie pour mettre en évidence un moment dramatique quand Mulan part remplacer son père sur le champ de bataille. L’eau aussi comme complice muette de Mère Gothel lorsqu’elle emporte Flynn attaché à un bateau, loin de Raiponce qui l’attendait. Impossible de tout citer tellement les exemples se multiplient. 

L’eau a bien un rôle à jouer dans nos dessins animés et comme n’importe quelle actrice, elle sait changer d’aspect, véritable caméléon de la narration. Le tout participant de cette esthétique bleue qui, dans les dessins animés, nous renvoie au monde du rêve et de l’enfance (Aladdin ne parle-t-il pas d’un rêve bleu justement ?) qui caractérise toute la magie de Disney. 

Sarah Dubourg.

[Article du CinéClub de l’École du Louvre, NDLR.]

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