
Au ciné-club, il y a un noyau dur de fans invétérés de Twilight. Vous n’aimez pas ce film? C’est malheureux pour vous mais tant mieux puisque ce n’est pas le film de notre séance spéciale Halloween! Nous restons tout de même dans l’univers de nos chers vampires… Avis aux mordu.es de cinéma, d’horreur et de fantastique : A girl walks home alone at night passe le jeudi 3 novembre à 18h en amphithéâtre Cézanne!
Avis aux personnes extérieures à l’École du Louvre ! Vous pouvez assister à la séance à condition de nous envoyer un mail avec votre nom et prénom (ainsi que ceux des personnes vous accompagnant) au minimum 48h avant la séance à cineclubecoledulouvre@gmail.com. Cette inscription est obligatoire dans le cadre du plan vigipirate, pensez donc à vous munir d’un justificatif d’identité. Il ne s’agit pas d’une réservation pour notre séance.

A girl walks home alone at night est un film réalisé par Ana Lily Amirpour en 2014 et se trouve être son premier film. Ce conte d’horreur prend place dans une ville imaginaire, Bad City. Une femme habillée d’un tchador (voile porté par les femmes iraniennes) scrute la vie nocturne, les vices de ses habitants, entre drogue, prostitution et abus de pouvoir. On suit la vie d’Arash, un jeune homme qui essaye de s’en sortir parmi tout ce désordre.

Le film possède un mélange intéressant de plusieurs références, provenant de cultures, films et images diverses. Les parents d’Amirpour ont quitté l’Iran lors de la révolution iranienne de 1979, elle est née en Angleterre et dit elle-même avoir baigné dans la culture de masse américaine. Elle définit Bad City comme étant un Iran mélangeant à la fois le pays de ses parents mais aussi celui de personnes comme elle, vivant dans des cultures européennes et américaines. On peut notamment voir dans le personnage d’Arash un héritage de James Dean, et cela dès le premier plan, avec son t-shirt blanc et sa cigarette au bec. C’est un melting pot de références stylistiques et cinématographiques passant de Batman au Cabinet du Docteur Caligari de Robert Wiene, film phare de l’expressionnisme allemand.

L’esthétique est extrêmement bien soignée, le noir et blanc maîtrisé, soulignant les regards et donnant au film une atmosphère surréaliste. Nous sommes plongés dans un rêve, dans cette ville abandonnée qui prend forme humaine, qui semble respirer par les machines qui l’animent. Le film a été tourné dans un désert en Californie. Tout est créé de toute pièce, les publicités qui passent à la télévision, les journaux, les panneaux de signalétiques,… C’est un univers avec ses propres règles, une vision de l’esprit.
Le motif du tchador est à la fois esthétique et symbolique. Tout d’abord cela lui donne une présence particulière dans l’obscurité, comme un personnage flottant au-dessus du sol. C’est aussi un objet dans lequel elle se sent protégée, comme Batman qui enfile son costume pour agir anonymement. Le tchador prend alors la forme d’une cape de super-héros. Loin d’être un argument anti-voile, c’est plutôt une réinterprétation puissante de la force du voile.

La figure de cette femme qui ère la nuit contredit les avertissements qu’on donne souvent aux femmes et jeunes filles, “ne sors pas seule une fois la nuit tombée”. La réalisatrice met à l’œuvre ce renversement grâce au thème vampirique. Dans le cinéma et la littérature fantastiques, les vampires en tant que personnages principaux sont majoritairement des hommes. Mais quand c’est une femme, c’est plutôt l’image séduisante de la femme fatale et de la succube qui est utilisée. Dans ce film, la femme vampire n’est pas vue sous le prisme sexuel et sensuel, mais plutôt comme une force mystérieuse et punitive. C’est une forme de female gaze qui est à l’œuvre, pour reprendre le concept popularisé par Iris Brey.
L’appel à l’imaginaire vampirique pose aussi des questions morales, le personnage de “la femme” est ambigu. Elle ne semble pas avoir de nom et ses actes oscillent entre bien et mal. Cette question de la justice est un topos dans les films de vampire. On le retrouve à la fois dans le Dracula de Coppola, la série First Kill et même dans Twilight. La condition de vampire implique un sacrifice, de soi ou de l’autre.

La solitude : c’est ce qui ressort le plus de ce film. Le vide remplit les espaces, les personnages sont livrés à eux-mêmes, et cette mélancolie ambiante glace le sang. Mais dans tout ce vide, une lueur d’espoir apparaît ; celle de la rencontre entre deux êtres seuls.
Avis aux mordu.es de cinéma, d’horreur et de fantastique : A girl walks home alone at night passe le jeudi 3 novembre à 18h en amphithéâtre Cézanne!
Avis aux personnes extérieures à l’École du Louvre ! Vous pouvez assister à la séance à condition de nous envoyer un mail avec votre nom et prénom (ainsi que ceux des personnes vous accompagnant) au minimum 48h avant la séance à cineclubecoledulouvre@gmail.com. Cette inscription est obligatoire dans le cadre du plan vigipirate, pensez donc à vous munir d’un justificatif d’identité. Il ne s’agit pas d’une réservation pour notre séance.
