
Pour venir découvrir la beauté délicate du cinéma de Jim Jarmusch, le Ciné-club de l’Ecole du Louvre vous accueille pour une diffusion de Down by Law en Amphithéâtre Cézanne le Mercredi 23 novembre à 18 h.
Avis aux personnes extérieures à l’École du Louvre ! Vous pouvez assister à la séance à condition de nous envoyer un mail avec votre nom et prénom (ainsi que ceux des personnes vous accompagnant) au minimum 48h avant la séance à cineclubecoledulouvre@gmail.com. Cette inscription est obligatoire dans le cadre du plan vigipirate, pensez donc à vous munir d’un justificatif d’identité. Il ne s’agit pas d’une réservation pour notre séance.

C’est sur quelques notes de mambo que commence Down by Law, le troisième long-métrage réalisée par Jim Jarmusch. Ces quelques notes presque programmatiques laissent défiler les paysages de la Nouvelle Orléans avant de nous faire rejoindre les murs du pénitencier. Les paroles écrites par Tom Waits (Zack) résonnent parfaitement avec le propos du film :
“ Schiffer broke a bottle on Morgan’s head
And I’ve been stepping on the devil’s tail
Across the stripes of a full moon’s head
Through the bars of a Cuban jail
Bloody fingers on a purple knife
A flamingo drinking from a cocktail glass
I’m on the lawn with someone else’s wife
Come admire the view from up on top of the mast “
extrait de Jockey full of bourbon, Tom Waits, 1986.
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Le film fonctionne sur un trio insolite que les errances et la force du hasard ont réuni dans une même cellule. Zack (Tom Waits) et Jack (John Lurie) sont naïvement piégés par de petits truant locaux, tandis que Roberto, un italien drôlement anglophone, (Roberto Benigni) est accusé d’un meurtre assez insolite. Si l’amitié est d’abord difficile, rapidement les trois compères s’évadent ensemble. Lorsque leur périmètre passe des 3 murs et 1 grille de leur cellule au pénitencier, aux forêts et aux marais de Louisiane, une nouvelle question s’impose aux trois compère : que faire ? Où aller ?

Et c’est là que commence la quête lyrique de nos trois personnages. La recherche d’équilibre entre les volontés individuelles de libertés et la nécessaire coopération pour sortir des Everglades deviennent source de tensions, explosion de colère et départs sur un coup de tête, pour les trois comparses qui se rabibochent souvent. Leur recherche philosophique de sens, et d’identité se traduit physiquement par la recherche d’un itinéraire au sortir de la prison. Les trois hommes naviguent en eaux-troubles, physiquement et métaphoriquement parlant : tour à tour chacun trouvent leur voies, et tentent de s’accomplir.
La puissance du trio réside en grande partie dans leurs échanges. Tous trois sont à l’origine de jeunes ingénus un peu perdus. L’un, Zack, est Disc-jokey enchainant les postes pour des radios miteuses, le deuxième, Jack, est proxénète solitaire à la petite semaine. Le dernier est immigré italien et tricheur notoire dans les salles de jeux de Louisiane. Ces leur rencontre qui vient en quelque sorte enrichir leur trajectoire de vie, ils s’ouvrent, se découvrent et finissent par devenir complémentaire. Cette histoire partagée pose les bases d’une complicité qui se mue en amitié, c’est à dire un lien capable de survivre malgré l’éloignement progressif des comparses.

Le style du film est parfaitement maitrisé par Jarmush, sorti de l’université à peine 6 ans plus tôt. Si le thème de cette quête existentielle est récurrente dans la carrière du réalisateur, c’est la première fois qu’il lui donne un traitement aussi lyrique. Malgré l’histoire qui pourrait paraître haletante, Jarmush reste centré sur son sujet. Il ellipse plusieurs moments clefs de l’histoire pour porter le regard sur les fantaisies, les légèretés et les questionnements des trois, presque uniques, personnages des 105 minutes de film. La collaboration pour le film avec le directeur de la photographie allemand Robby Müller explique les qualités poétiques et techniques des images du film. Cette coopération est peut-être lié à la célébrité naissante de Jarmush, récompensé de la Caméra d’or en 1984 pour Stranger than Paradise au festival de Cannes, et se conclura pour Down by Law par plusieurs nominations pour Best cinematography (“meilleure cinématographie/image”). Leur coopération sera reconduite rapidement, comme celle de Jarmusch avec les différents acteurs du film : Tom Waits, John Lurie et Roberto Begnini.
“Edna Million in a drop dead suit
Dutch Pink on a downtown train
Two dollar pistol but the gun won’t shoot
I’m in the corner on the pouring rain
Hey little bird, fly away home
Your house is on fire, your children are alone”
extrait de Jockey full of bourbon, Tom Waits, 1986.

En somme, Jim Jarmusch nous offre ici un sorte d’évasion philosophiques, une quête d‘existentialité lyrique dans laquelle trois ingénus finiront par se réaliser. Avec une caméra moins intimiste que les films italiens contemporains dont Jarmush détourne avec amusement le genre, ces trois personnages attachants nous offre un cheminement léger, mais puissant, qui invite à réfléchir sur soi et sur le monde.
Pour venir découvrir la beauté délicate du cinéma de Jim Jarmusch, le Ciné-club de l’Ecole du Louvre vous accueille pour une diffusion de Down by Law en Amphithéâtre Cézanne le Mercredi 23 novembre à 18 h.
Avis aux personnes extérieures à l’École du Louvre ! Vous pouvez assister à la séance à condition de nous envoyer un mail avec votre nom et prénom (ainsi que ceux des personnes vous accompagnant) au minimum 48h avant la séance à cineclubecoledulouvre@gmail.com. Cette inscription est obligatoire dans le cadre du plan vigipirate, pensez donc à vous munir d’un justificatif d’identité. Il ne s’agit pas d’une réservation pour notre séance.
