
Le week-end du 10 et 11 décembre 2016 a eu lieu la Costume Convention, la première convention française dédiée au costume, qu’il soit historique, fantasy, ou bien cosplay. Entrevue avec Fanny Wilk, l’organisatrice de l’événement.
Samedi 10 décembre 2016. Campus de l’EPITA du Kremlin-Bicêtre. Sous les regards curieux des étudiants, une foule inhabituelle se presse devant les bâtiments de l’université. Ici et là, des hommes et femmes habillés à la mode de la cour de Louis XIV ou de Marie-Antoinette, des cosplayeurs, ou encore des adeptes du steampunk. La raison de cet attroupement détonnant ? La Costume Convention, CosConv pour les intimes, qui se tient dans les bâtiments du campus. La Compagnie de l’Histoire et des Arts, l’organisatrice de l’événement, a en effet réservé des salles afin d’accueillir les nombreux

ateliers, conférences, tables rondes et animations prévus au programme, lors de ce week-end dédié au costume sous tous ses aspects. Les activités sont nombreuses, et il y en a pour tous les goûts : on peut assister à des conférences sur le costume médiéval ou sur l’utilisation du Worbla (matériau thermoplastique servant notamment à créer des armures dans le milieu du cosplay et du fantasy), étudier de plus près des pièces d’époque, allant du XVIIIe siècle aux années 1960, s’initier aux techniques de broderie, confectionner un headband tribal, écouter les intervenants des tables rondes sur des sujets comme » Vivre du costume « , assister au défilé des costumes, ou encore flâner au milieu des stands du marché des créateurs.
La juxtaposition des genres de pratiques costumées – la reconstitution, l’évocation, le cosplay, le GN [jeu Grandeur Nature], le steampunk, pour n’en citer que quelques-uns –

est réussie, alors que ces différents mondes n’ont pas forcément l’habitude de se côtoyer. Le pari de Fanny Wilk, l’organisatrice de l’événement et présidente de l’association de la Compagnie de l’Histoire et des Arts, était justement de créer un événement qui réunirait tout ces aspects du costume : » le principal pour moi c’était vraiment qu’un maximum de gens issus de milieux différents puissent se rencontrer, puissent discuter entre eux, se rendre compte que même s’ils n’ont pas la même passion, ils ont plein de points communs et qu’en échangeant ils pouvaient apprendre les uns des autres « , nous informe-t-elle. » Et puis aussi bien sûr que ceux qui ont des connaissances acceptent de les partager avec d’autres personnes « , ajoute-t-elle. Il faut en effet préciser que tous les intervenants de la journée étaient bénévoles, comme le souligne Fanny : » C’est un gros projet, donc on avait besoin de beaucoup d’intervenants, tout le monde était bénévole, l’important c’était de réussir à les intéresser pour qu’ils viennent et qu’ils donnent un peu de leur temps « .

Fanny a travaillé sur ce projet avec d’autres passionnés du costume pendant sept ans, pour arriver à créer de toute pièce cet événement, inédit en France. Elle nous raconte que l’idée de cette convention germait depuis bien des années dans son esprit : » Cela fait très longtemps que l’on savait ce que l’on voulait faire. On avait un cahier des charges déjà écrit, on savait que l’on voulait des universités, des tables rondes, des conférences, on savait même déjà les thèmes qu’on voulait aborder « . Les idées principales étaient donc là, ne restait plus qu’à les mettre en œuvre. Fanny nous confie que cela n’a pas été facile, notamment pour trouver un lieu : » cela faisait tellement d’années qu’on prospectait, qu’on ne trouvait pas, j’étais à deux doigts de jeter l’éponge. « En effet, il fallait trouver un lieu avec des salles assez grandes pour accueillir des conférences et des ateliers, accessible en métro, et dont les frais de location permettraient de proposer un tarif correct pour les visiteurs. En plus de cela se rajoutaient les contraintes du plan Vigipirate, qui ont failli faire annuler le projet à de nombreuses reprises. » On a trouvé l’EPITA/EPITECH grâce à l’association ANTRE, ça a vraiment été le moment où le projet a repris vie, c’était le projet de la dernière chance « .

Au final, plus de 550 personnes se sont rendues à cette convention, ce qui est un bon chiffre pour une première édition. Comment expliquer le succès du monde du costume, de la couture et de la création ? Fanny nous apporte des éléments de réponse : » En ces temps un peu troublés, où la réalité n’est pas très joyeuse, on a tous besoin de se réfugier dans des choses qui apportent du rêve. Les costumes, l’histoire, c’est ce qui parle aux gens. «
Le bilan de cette première convention française du costume est donc plus que positif : l’événement a répondu aux attentes des visiteurs, qui sont repartis de la convention des projets de costumes plein la tête et l’association a pu réaliser des bénéfices. Tous les voyants sont donc au vert pour une seconde édition, qui aura lieu, selon les estimations de Fanny, au printemps 2018.