
Le territoire français regorge de petits musées, souvent oeuvres du legs d’un collectionneur local. C’est le cas du musée municipal des Ivoires d’Yvetot qui se trouve dans le Pays de Caux en Seine-Maritime.
L’histoire de la collection
L’entière collection du musée est due au don de Louis Féron (1848-1929). Cet homme passionné d’art et d’équitation était notamment connu dans la région pour avoir créé la Société des Courses d’Yvetot. Il a collectionné plus particulièrement les ivoires, matériau très travaillé à Dieppe au XIXe siècle. Certains sont anciens, d’autres lointains mais la plupart lui sont contemporains. On retrouve beaucoup d’objets pieux mais aussi à usage plus quotidien.
De sa collection, on remarque deux autres intérêts : la terre cuite et la faïence. Là aussi, les pièces sont à tendance locale et contemporaine mais on retrouve des objets plus anciens. C’est donc au total une collection de deux cents pièces qu’il a réalisée.
Le musée
Le musée des ivoires d’Yvetot ne comporte que la collection de Louis Féron, agrémentée d’une coiffe du Pays de Caux du XVIIIe siècle. Divisé en deux pièces aux multiples vitrines, l’audioguide fourni avec le billet d’entrée permet de mieux découvrir et comprendre les oeuvres. En effet, des explications poussées sont nécessaires pour comprendre l’enjeu local de ces formes d’art. L’ivoire, par exemple, est une matière luxueuse qui était savamment travaillée à Dieppe où de nombreux ateliers étaient présents et reconnus.
Les oeuvres en faïence et en terre cuite révèlent aussi un patrimoine local riche. Les sculpteurs Graillon (1809-1872) et Eugène Blot (1830-1899) ont notamment quelques oeuvres exposées. La finesse de leur travail est mise en avant avec les représentations des pêcheurs. Leur représentation est courante et typique : ces polletais, pêcheurs dieppois du quartier du Pollet, sont reconnaissables par leurs vêtements. Pauvres, ils deviennent un emblème de la petite population qui se bat pour survivre.
La faïence locale est aussi présente avec des pièces issues des différents sites de production de la région. Cependant, on retrouve un goût plus lointain avec par exemple un plat ottoman du XVIIe siècle. Il ne faut pas oublier que la Seine-Maritime au XIXe siècle est très marchande par ses ports situés près de la mer et sur la Seine. Les denrées lointaines s’échangent facilement et ce commerce facilite le transport de pièces dites de luxe que les collectionneurs achètent.
Oeuvres phares
Parmi les objets de curiosité, il y a l’ivoire représentant Henri II datant du début XIXe siècle. Un triptyque se cache au sein de ce personnage et les scènes représentent un tournoi de 1559 auquel participa le roi et où la blessure qu’il reçut entraina sa mort. Ce type d’objet était prisé lors de l’élaboration de cabinets de curiosité.
Il est rare de trouver des « Vidrecome » au sein de collections. Celle-ci, en ivoire et argent vermillé, est réalisée en Allemagne au début du XXe siècle. On retrouve une iconographie antique illustrant les chasses de Diane dans un esprit très Baroque.
Une terre cuite d’Eugène Blot (1830-1899) réalisée à Dieppe et représentant des pêcheurs. Une fine précision est perceptible dans la réalisation de cette sculpture notamment pour les détails. Cette scène de la vie courante peut être considérée comme pittoresque avec la présence des travailleurs sur le devant qui s’affairent de manière assidue et à l’arrière, appuyé au dehors de la barque, le garde-côtes qui les surveille.
Un plat en faïence d’Iznik du XVIIe siècle. On retrouve sur ce plat ottoman le décor de style saz avec ces feuilles dentelées. Il est le témoin du commerce local très important mais aussi le goût du collectionneur pour les objets anciens et orientalisants, montrant alors un certain éclectisme dans ses choix.