« Collectif d’artistes toulousains »

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« Collectif d’artistes toulousains » est une exposition qui prend place à la bibliothèque de l’université de Pau et des pays de l’Adour depuis le 3 avril et jusqu’au 22. Elle est organisée par Art&Fac, association de filière histoire de l’art et archéologie.

Après avoir exposé des étudiant.e.s des Beaux Arts de Tarbes l’année passée, l’association a voulu cette fois-ci visibiliser plusieurs artistes de Toulouse. Guillaume Balssa, Damien Bleurvacq, Elie Cinqpeyres, Annlor Codina et Enrike Gomez sont les artistes ayant accepté de participer à l’aventure. Leur point commun est d’avoir un atelier au sein du collectif autogéré Mix’Art Myrys. En 1995, un groupe de personnes décident d’occuper des anciennes usines de chaussures Myrys afin de créer un lieu de vie et de création. L’association Mix’Art Myrys naît deux ans plus tard avec l’ambition de devenir un point de rencontre. Expulsés des usines en 2001, ils s’installent dans l’ancienne préfecture du centre-ville de Toulouse, en attendant de trouver un accord de relogement avec les pouvoirs publics en 2005. Aujourd’hui installé au 12 rue Ferdinand Lassalle, le collectif accueille des artistes toute l’année dans des ateliers, mais aussi pour des résidences, des festivals et des concerts. Les soirées sont à prix libre (mais nécessaire!) ce qui permet à tout le monde de pouvoir accéder à la culture et aux arts sans distinction de classe.

Guillaume Balssa développe un univers empreint de symbolisme et de mystère. Influencé par les sciences fictions, le cinéma d’épouvante, l’ésotérisme et la musique métal il traduit des émotions avec un dessin particulièrement précis. Ses œuvres figuratives permettent une lecture claire de l’image sans pour autant laisser entrevoir tout leur sens. L’artiste est souvent rattaché au monde de la BD et du low brow, son travail est à la fois riche en références et en détails techniques de qualité.

Damien Bleurvacq est un artiste graff, il tire son univers du hip-hop, de la BD, des comics et de la calligraphie. Il base son geste sur le mouvement et la dynamique. Damien, ou Dark, utilise principalement du noir auquel il vient ajouter des couleurs saturées. Il combine les techniques pour arriver à des formes abstraites se fondant dans la calligraphie (« calligraffiti »). Damien utilise également le body-painting, le collage et la photographie pour alimenter son univers.

Elie Cinqpeyres, dit Cromatix, développe par l’assemblage et la sculpture sur métal un univers futuriste. Issu du monde de la science fiction, ses robots et ses masques participent à montrer une autre forme de réalité, un monde magique et futuriste. Il commence dans les années 2000 pour le plaisir et finit par s’installer dans le collectif pour devenir un atelier atypique. Ses machines, parfois animées par des moteurs, ne sont pas là pour faire peur mais au contraire pour imaginer un futur robotique bienveillant.

Annlor Codina s’intéresse à la notion de violence et ses images. Par ses installations qui ont pour base les cartouches de chasse elle tente de faire réfléchir le public sur le rapport entretenu avec les images violentes. Elles exercent un paradoxe sur la plupart des gens, entre dégoût et curiosité malsaine. Les médias et le cinéma les banalisent et surenchérissent dans le glauque et le gore. Derrière ce terme de violence il y a bien sûr la guerre et ses conséquences. Le contraste fort exercé par le détournement des cartouches dans des installations plutôt ludiques et festives permet de décontextualiser la violence pour l’amener vers de nouveaux champs.

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Enrike Gomez est un peintre espagnol dont plusieurs de ses séries peuvent être rattachées au réalisme socialiste. Ce mouvement artistique est né des thèses de Brejnev en Union soviétique et voulait des peintures figuratives et lisibles, dont le message politique soit clairement énoncé avec des références à la vie quotidienne du peuple. Enrike Gomez choisit la plupart du temps des moyens ou grands formats pour dénoncer les politiques espagnole et française. Sans être une copie des peintres soviétiques, il réactualise la peinture réaliste socialiste tant au niveau de la technique que des valeurs sociales.

Pour cette exposition, le vernissage a été présenté le lundi 3 avril, entre 18h et 20h. Ce temps a été rythmé par deux performances : la première d’Annlor Codina et la seconde de Damien Bleurvacq. Annlor Codina a pu installer, à l’entrée de la bibliothèque universitaire, du barbelé sur lequel elle a positionné des marshmallows qu’elle a ensuite fait dorer à la lampe à souder. Le contraste entre douceur et violence rappelle ses œuvres comme Barricades.

Damien Bleurvacq a body painté une modèle en projetant une photographie de son travail sur œuvres. La création a été faite de manière spontanée ce qui a laissé le public rêveur, et une ambiance très muséale dans la salle d’exposition.

Cette exposition est aussi un moment pour se questionner sur les conditions de travail et de vie des artistes, leur accès à un atelier, à des expositions et à la vente lorsqu’ils ne sont pas chapeautés par une galerie. Art&Fac souhaite également faire entrer des créations originales au sein de l’université dans une volonté de donner un autre regard sur l’art contemporain, souvent décrié par les médias traditionnels.

Photographies par Julien Thuret.

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