
A moins d’une heure de Boston (États-Unis, Massachusetts) se trouve la fameuse ville des sorcières : Salem. Cette « petite » bourgade américaine est envahie par ce folklore qui est une manne touristique. Pourtant dans le centre ville se cache un établissement, seulement remarquable à sa grande verrière en guise de façade : le Peabody Essex Museum.
Histoire
Crée en 1799, il était le cabinet de curiosités de l’organisation des capitaines de Salem. On le nommait alors le East India Marine Society. La collection d’origine renfermait des objets du nord-ouest des Amériques, d’Asie, d’Afrique, d’Océanie et d’Inde. On retrouve aujourd’hui quelques uns de ces premiers objets dans l’East India Marine Hall du musée.
C’est en 1992 que le musée devient le Peabody Essex Museum en fusionnant avec l’Essex Institute. Ce dernier consolide la collection en apportant des spécimens d’histoire naturelle, des objets d’ethnologie ainsi que des livres qui se concentrent sur le county d’Essex (se trouvant dans le New Jersey).
Le Peabody du nom fait écho à un grand donateur, George Peabody, qui donna une somme d’argent importante au musée en 1867. L’homme d’affaire anglo-américain était un grand philanthrope qui a contribué à l’ouverture de nombreuses institutions culturelles américaines.
Architecture
L’architecture actuelle, que je commençais à vous décrire, est une œuvre de l’architecte canadien Moshe Safdie. Elle fut réalisée en 2003 et pensée pour se fondre dans l’architecture historique de la ville de Salem. Les ailes en briques rouges rappellent les maisons locales par leurs formes. Le tout a tout de même un air très contemporain par les structures en verre qui relient chaque partie du bâtiment de manière fluide. La toiture de l’atrium central ressemble presque à une voile de bateau qui flotte au vent.
Collections
Cette analogie est pertinente en regard de l’histoire de Salem qui fut un grand port commercial, mais aussi par rapport aux collections qui, comme on l’a vu, proviennent à l’origine des marins de la ville. La collection originelle du cabinet de curiosités annonçait déjà un musée riche.
Aujourd’hui le musée est composé de 12 départements organisés par pays ou continents (Afrique, Amérique, Japon, Chine, Corée, Inde, Océanie), par médiums (architecture, photographie) ou par thématiques (art et histoire maritime, art chinois exporté, art des natifs américains).
On ne peut pas parler des collections de chaque département individuellement. C’est pourquoi on se concentrera particulièrement sur ce qui fait la particularité du musée, à mon sens : la maison Yin Yu Tang.
La maison Yin Yu Tang
Cette habitation chinoise a été remontée au musée en 2003. Provenant à l’origine de la province d’Anhui, au sud-est de la Chine, elle est datée des environ de 1800. Son architecture est typique de cette région, où est né le premier propriétaire de la maison, nommé Huang. Il était un riche marchand de la dynastie Qing (1644 – 1911) et a transmis son bien à sa famille qui y habita jusqu’en 1982.
La bâtisse sur deux étages s’organise autour d’une cour ouverte et comporte plusieurs chambres (seize au total). Elle a survécu à sept générations, qui accumulèrent du mobilier et des objets de différentes époques.
Le Peabody Essex Museum a conservé dans la maison une partie du mobilier. On observe principalement l’état post révolution culturelle, avec des affiches de Mao et des enceintes diffusant toute la journée les nouvelles et les musiques du régime. Ces éléments ont remplacé, nous dit-on, les autels bouddhistes devant lesquels s’agenouillaient les premières générations.
L’état de cette maison et l’effet qu’elle produit est vraiment surprenant. En entrant dans une première cour de graviers puis dans l’atrium central, on se retrouve dans un univers complètement dépaysant. On quitte Salem, ses sorcières, les États-Unis, pour aller à des milliers de kilomètres, se perdre dans la Chine de la fin du XXe siècle, dont on devine déjà les tiraillements, entre traditions et modernité. C’est définitivement la partie du musée à ne pas rater.
Le Peabody Essex Museum renferme encore bien d’autres choses. On pourrait parler des espaces d’expositions qui présentent toujours des sujets originaux et attrayants. En ce moment par exemple le musée présente « It’s alive ! » sur les œuvres d’horreur et la science fiction dans la collection de Kirk Hammett.
On trouve aussi des œuvres d’art contemporaines comme la superbe installation d’Anila Quayyum Agha : All the Flowers are for Me. Le musée propose également un coin ludique pour les enfants (et les adultes !), le Art & Nature Center qui se renouvelle autour d’expositions temporaires.