Le Bal, Ettore Scola (1983)

Le Ciné-club de l’Ecole du Louvre vous invite à venir voir Le Bal de Ettore Scola le 28 septembre prochain à 18 h dans l’amphithéâtre Cézanne.

Avis aux personnes extérieures à l’École du Louvre ! Vous pouvez assister à la séance à condition de nous envoyer un mail avec votre nom et prénom (ainsi que ceux des personnes vous accompagnant) au minimum 48h avant la séance à cineclubecoledulouvre@gmail.com. Cette inscription est obligatoire dans le cadre du plan vigipirate, pensez donc à vous munir d’un justificatif d’identité. Il ne s’agit pas d’une réservation pour notre séance.


Avec Le Bal, Ettore Scola signe en 1983 un film d’une nature singulière, adaptation cinématographique de la pièce de théâtre musicale de son ami, le metteur en scène Jean-Claude Penchenat (que nous retrouvons d’ailleurs caché dans le film parmi les comédiens) montée pour la scène du Théâtre du Campagnol.

Le film, sans mot autre que ceux des grandes chansons qui rythment les pas de danse et les retrouvailles des corps, déroule dans une ronde l’histoire française des années 30 aux années 80, en passant par ses douleurs et ses (r)évolutions. Sous l’œil du réalisateur italien épris de cinéma français, le bal populaire devient ainsi le lieu témoin de ces transformations.

Nous sommes plongés dans un songe : celui de ces jeunes et moins jeunes gens, faisant et défaisant leur image, formant et déformant leur corps, épousant celui de leur partenaire, le temps d’une danse, ou d’un instant de solitude face au refus. Le film s’ouvre sur les préparatifs pour que la magie du lieu opère, avec ses lumières et sa musique qui ne cessera dès lors — presque — plus. Elle évolue au gré des époques, mais planant toujours, pour signifier ce besoin qui anime les cœurs de la chaleur d’un refuge où le rire et la joie se vivent à plusieurs.

Basculant de l’autre côté du miroir, nous parcourons les images, prélevées dans la trame de ce temps à la fois long et court, d’une histoire intime : celle de quelques décennies durant lesquelles la France a vu changer son visage, celle de ceux qui vivent ici leur vie percutée par la grande Histoire, qu’ils subissent ou qu’ils fêtent. C’est aussi l’histoire du lieu — cette salle, constituée par les pas qui l’ont habitée — c’est-à-dire l’histoire du temps, qu’elle a vu passer, qu’elle a traversé elle-même, des générations et des jeunesses qui sont venues en alourdir le poids, des drames qui s’y sont noués et ont laissé leur marque… Mémoire à laquelle nous renvoie ce couple formé par deux êtres qui en ont connu les débuts, et permettent d’entrer dans la vision de cette métamorphose inachevée.

Loin d’être seulement un refuge pour s’abriter de la tragédie du temps, un hors-lieu sans conséquence, la salle est montrée pour ce qu’elle fut au temps des bals populaires : lieu central, cœur battant de la vie des êtres qui n’y vivent pas qu’un instant d’insouciance, mais bel et bien l’inscription de leur mode de vie en tant qu’individus et groupe. C’est là qu’ils décident de se retrouver aux moments pour eux essentiels, là qu’ils placent leurs espérances de retrouvailles, là qu’ils agissent selon leur posture prise vis-vis de leur époque. Là où l’histoire est la plus criante, passant pourtant presque inaperçue, car inscrite dans les gestes de ceux qui la vivent — violence qui se dévoile, cohésion qui se forme, chanson de geste sans héros. Nul besoin de mot pour ceux qui l’ont connue : le film marche ainsi sur ce jeu de références aux gestes symboliques qui ont formé une génération sans y penser.

S’agit-il alors d’une histoire prise par le bas, cantonnée au lieu du divertissement, où ceux qui s’y retrouvent se livrent à ce qui serait inessentiel ? Seulement en apparence…

C’est également l’occasion pour Scola d’user de son talent de caricaturiste, au sens balzacien : celui qui sait portraiturer son contemporain (et l’humain en général) sous les traits déformants de l’apparence qu’il cherche à se constituer. Face aux postures dans lesquelles chacun s’enferme, l’humour avec lequel il traite des maladroites ambitions de séduction, des chutes et des échecs de ses personnages, est nourrie par la tendresse pour ceux dont il brosse ainsi le portrait. Cet humour cohabite avec un confrère plus absurde, en un sens plus noir, faisant montre du grand sens de l’observation de Scola pour les attitudes humaines risibles, qu’il ne cherche pas à éviter, offrant des moments dont la vision n’est permise que par le cinéma.

Le film permet, par cette légèreté de ton et par contraste, l’avènement de moments de grâce pour ces hommes et ces femmes que nul ne pourrait tourner en dérision, bien qu’offerts dans ce que l’on croirait être la trivialité d’une salle de fête. Des moments justement beaux car ils sont vécus dans une salle de fête.

Avant que la musique ne cesse tout à fait, chacun rentre chez soi, ému encore de ce rêve, de cette danse partagée et muette, à deux ou plus. Mais qui sait si le songe ne fut pas plus réel, plus essentiel que l’extérieur et ses discours ?

C’est à ce rêve de lumière qu’invite aussi la salle obscure.

Maéva Peretti.


Le Ciné-club de l’École du Louvre vous invite à venir voir Le Bal de Ettore Scola le 28 septembre prochain à 18 h dans l’amphithéâtre Cézanne.

Avis aux personnes extérieures à l’École du Louvre ! Vous pouvez assister à la séance à condition de nous envoyer un mail avec votre nom et prénom (ainsi que ceux des personnes vous accompagnant) au minimum 48h avant la séance à cineclubecoledulouvre@gmail.com. Cette inscription est obligatoire dans le cadre du plan vigipirate, pensez donc à vous munir d’un justificatif d’identité. Il ne s’agit pas d’une réservation pour notre séance.

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